Bénin – Impasse électorale: Boni Yayi entre pacifiste et belliciste

L’ancien président de la République a réussi à semer dans la tête de ceux qui le suivent, une inconstance notoire. Il y a quelques jours seulement, il a invité ses compatriotes à l’adoption d’un comportement pour que le Bénin traverse cette période électorale sans anicroche. Aujourd’hui, il revient au devant de la scène pour appeler le même peuple à agir autrement.

En sa qualité d’ancien chef d’Etat, Boni Yayi n’a pas pu digérer la tension qui prévaut au Bénin depuis le 5 mars que la Cena a rendu publique la liste des partis en règle pour les législatives du 28 avril prochain. Il a, dans un premier temps gardé son silence que d’aucuns avaient qualifié de suspect. Quelques jours plus tard, alors qu’il recevait une mission de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), il a lâché qu’il n’y aura pas d’élection sans l’opposition. Cette déclaration a galvanisé ceux qui le soutiennent et qui n’attendaient que son mot d’ordre pour savoir l’attitude à adopter. C’était le 10 avril, veille de l’entretien télévisé de Patrice Talon.

[su_heading size= »17″]A lire aussi : Bénin: Yayi Boni explique pourquoi il a décidé de rompre le silence [/su_heading]

Au lendemain de l’émission télévisée au cours de laquelle Patrice Talon a affirmé qu’il est prêt à « porter le chapeau » à nouveau, le Buffle de Tchaourou a semblé demander à ses coéquipiers de ramener la balle à terre et de s’en remettre à Dieu. « Je serais très reconnaissant à chacun et chacune de prier et de jeûner en implorant la miséricorde de notre Unique Créateur, Dieu des cieux et de la Terre, le Miséricordieux », pouvait-on lire sur sa page Facebook. On était le 14 avril. Tel un pacifiste décidé à éteindre le feu, il laisse lire « le Père Céleste Fidèle à ses engagements nous déchargera de tous les maux et risques élevés d’affrontements ». Les mosquées, églises et couvents devraient être mis à contribution que ce Dieu fidèle change la situation. Dieu n’étant pas un homme comme il le disait dans son précédent message pour agir avec précipitation, les hommes ont décidé de l’aider.

Boni Yayi fait un revirement spectaculaire

Ce jeudi 18 avril, le chef de plusieurs délégations d’observation des élections dans plusieurs pays de la sous région change de veste. C’est un message de va-t-en-guerre qu’il va délivrer en son domicile et en présence des ténors de l’opposition politique. Boni Yayi aurait-il décidé lui-même de ne plus compter sur Dieu pour jeter son dévolu sur le peuple béninois? Difficile de dire si c’est à volonté ou si c’est sur « la pression de ses pairs » qu’il est revenu sur sa décision de jeûne et prière. Mais ce qui parait curieux est le caractère belliqueux de son adresse de ce jour. Boni Yayi aurait pu ne pas pousser le bouchon jusqu’à « inviter tous les Béninois de tous bords… à user du pouvoir que nous donne notre loi fondamentale, pour faire arrêter le processus électoral périlleux en cours ». 

Entre la paix et le soulèvement populaire, soit Boni Yayi se situe au milieu ou il a opté pour le second. Alors que la paix est déjà fragilisée (circulation d’engins lourds dans le pays) chacun devra continuer à calmer les ardeurs pour un Bénin uni.