Guerre commerciale: après la Chine, Donald Trump s’attaque à l’Europe via Airbus
L’Union européenne doit cesser de « profiter » des Etats-Unis dans le domaine commercial, a menacé mardi 09 avril Donald Trump sur Twitter. C’est en ces mots que le président américain relance sa guerre commerciale contre l’Europe.
Le dossier des négociations commerciales avec la Chine n’est pas encore refermé, que Donald Trump songe déjà à l’étape suivante, à savoir l’Union européenne avec laquelle les négociations commerciales doivent s’ouvrir prochainement…
Sans attendre, Washington a ouvert le feu en brandissant la menace de taxer 11 milliards de dollars de produits européens. Ces mesures sont présentées comme des représailles aux subventions que Boeing accuse Airbus d’avoir touché illégalement, lui donnant un avantage concurrentiel au détriment de l’avionneur américain, a expliqué l’administration Trump.
The World Trade Organization finds that the European Union subsidies to Airbus has adversely impacted the United States, which will now put Tariffs on $11 Billion of EU products! The EU has taken advantage of the U.S. on trade for many years. It will soon stop!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 9, 2019
« L’Organisation mondiale du commerce indique que les subventions de l’Union européenne ont eu un impact négatif sur les Etats-Unis, qui vont maintenant imposer des taxes sur 11 milliards de produits européens! L’UE profite des Etats-Unis en matière de commerce depuis plusieurs années. Ça va bientôt s’arrêter! », a écrit le président américain.
Un différend vieux de 14 ans sur les subventions à Airbus et Boeing
Dans ce conflit ouvert depuis 14 ans devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce), les deux constructeurs rivaux d’avions s’accusent mutuellement de bénéficier de façon illicite de soutiens publics.
Soulever ce dossier complexe est sans doute une façon pour Washington de se présenter aux futures négociations avec l’UE en position de force, selon les observateurs, qui soulignent cependant que l’Union européenne a elle aussi déposé plainte devant l’OMC concernant les soutiens publics à Boeing.
Ainsi, fin mars, l’OMC a donné raison à Airbus en relevant un avantage fiscal illégal accordé à Boeing aux Etats-Unis. Mais plus tôt, en mai 2018, l’OMC avait au contraire soutenu Boeing en estimant que l’Union européenne n’avait pas tenu compte des demandes de suppression de toutes les aides publiques accordées à Airbus.
Washington veut taxer l’aéronautique, mais aussi l’huile d’olive ou les fromages européens
Lundi soir, le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, a estimé à 11 milliards de dollars le préjudice subi par Boeing et a fait publier une liste de produits européens potentiellement visés par des taxes d’importation, dont des hélicoptères, avions et pièces aéronautiques, mais aussi des steaks d’espadon, les filets de saumon, des fromages, des fruits, de l’huile d’olive, des vins ou encore des vêtements, des produits laitiers ou des motos…
En Bourse, ces annonces ont fait chuter mardi les cours d’Airbus (-1,86%) sans profiter à Boeing (-1,46%) qui fait face aux problèmes techniques de son B-737 MAX, cloué au sol après deux accidents qui ont fait près de 350 morts en octobre et en mars.
Bruxelles prépare des représailles tout en appelant au dialogue
A Bruxelles, la Commission européenne a réagi, mardi, en faisant savoir qu’elle envisageait à son tour des représailles contre les subventions américaines accordées à Boeing, tout en restant prête à la discussion. La Commission entame des préparatifs afin de faire en sorte que « l’Union européenne puisse agir rapidement à la suite de la décision de l’arbitre (de l’OMC) en matière de droits à des représailles dans le dossier (Boeing) », a dit un porte-parole de l’exécutif européen.
L’UE « reste ouverte à la discussion avec les Etats-Unis, sous réserve qu’il n’y ait pas de conditions préalables et que le but soit d’aboutir à un résultat équitable », a-t-il ajouté.
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