Guerre au Yémen: Emmanuel Macron «assume» les livraisons d’armes à l’Arabie saoudite
Lors d’un sommet européen, Emmanuel Macron a déclaré assumer la vente d’armes à l’Arabie saoudite. Plusieurs associations ont déposé un référé au tribunal administratif de Paris contre une livraison devant avoir lieu dans le port du Havre.
En déplacement dans la ville roumaine de Sibiu, le 9 mai, pour une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens, Emmanuel Macron est revenu sur la polémique provoquée par une livraison d’armes à l’Arabie saoudite qui devait charger sa cargaison dans le port du Havre. Le président de la République a dit «assumer» la vente d’armes à l’Arabie saoudite, précisant avoir la «garantie» que celles-ci «n’étaient pas utilisées contre des civils» au Yémen, alors que plusieurs recours ont été déposés afin d’empêcher que le cargo n’amarre sur les côtes françaises.
« L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont des alliés de la France. Et ce sont des alliés dans la lutte contre le terrorisme. Nous l’assumons totalement », a-t-il affirmé en marge d’un sommet européen, jeudi 9 mai, à Sibiu, en Roumanie. Le chef de l’Etat a toutefois assuré avoir la « garantie » que les armes françaises « n’étaient pas utilisées contre des civils » au Yémen :
« Il y a un comité qui gère ces exports, sous l’autorité du premier ministre, dans lequel les choses d’ailleurs ont été durcies ces dernières années, et où nous demandons la garantie que ces armes ne puissent pas être utilisées contre des civils. Elle a été obtenue. »
Emmanuel Macron réagissait aux recours en urgence, déposés jeudi par l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et l’ONG Action sécurité éthique républicaine (ASER) au tribunal administratif de Paris, afin d’empêcher le départ du Havre (Seine-Maritime) d’un cargo saoudien chargé d’armes qui pourraient, selon l’ONG, être utilisées dans cette guerre meurtrière.
Livraison de huit canons
« L’Etat français ne peut ignorer que ces armes peuvent servir à commettre des crimes de guerre au Yémen, où plus de 400 000 civils sont potentiellement sous le feu », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat de l’ACAT, Joseph Breham. Plusieurs autres organisations — comme Human Rights Watch, Amnesty International ou l’Observatoire des armements — sont également vent debout contre ces ventes. Jeudi, une centaine de personnes étaient rassemblées au port du Havre, à l’appel de la Ligue des droits de l’homme et du Mouvement de la paix, pour dénoncer ces livraisons qui contribuent, selon eux, au « carnage en cours au Yémen ». « Interdire les ventes d’armes aux pays en guerre » ou« Au Yémen, où un enfant est tué toutes les cinq minutes », pouvait-on lire sur leurs pancartes.
Si le président français n’a pas précisé les armes qui devaient être chargées au Havre, le site d’investigation Disclose a avancé que le navire devait prendre livraison de « huit canons de type Caesar » que l’Arabie saoudite pourrait utiliser dans la guerre qu’elle livre au Yémen aux rebelles houthistes, minorité chiite soutenue par l’Iran, grand rival de Riyad. Paris a invariablement affirmé que ces armements ne sont utilisés que de manière défensive et pas sur la ligne de front.
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