Dossier Ignace Sossou VS Mario Metonou: l’énigme d’un communiqué à polémiques

Tôt dans la matinée du vendredi 20 Décembre 2019, le journaliste d’investigation Ignace Sossou a été arrêté à son domicile par la police et conduit à l’OCRC. Il lui est reproché de sortir de ses contextes et publiés sur son profil Facebook, les propos du procureur Mario Mètonou lors d’un forum sur l’infox organisé par CFI qui a d’ailleurs réagi à travers un courrier qui fait polémique.

Les 17, 18 et 19 Décembre 2019, CFI a organisé au Bénin un forum sur les enjeux des infox en période électorale lors du lancement du projet « Vérifox Afrique« . A la suite de ce forum, le journaliste d’investigation Ignace Sossou a été arrêté à son domicile le vendredi 20 décembre 2019 par la police. Motif de l’arrestation: déformation des propos tenus par l’une des personnalités invitée à ce forum en l’occurrence, le procureur de la république près le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Il fut conduit à l’OCRC, entendez l’Office centrale de répression de la cybercriminalité.

Dans la foulée, un communiqué signé la veille par Pierre Jelladeau, directeur Afrique du CFI  a été abondamment relayé sur les réseaux. Dans ce courrier qui a suscité beaucoup de commentaires et de polémiques, l’auteur a écrit:  » …Nous sommes désolés qu’un journaliste peu scrupuleux ait profité de ce moment privilégié (moment d’échange entre les participants du projet Vérifox Afrique et le procureur – NDLR) pour tenter de faire un buzz au dépens de M. le procureur. CFI se distancie évidemment de ces publications et de ce type de pratique à toute déontologie et donnent un mauvais nom à l’ensemble de la profession… »

Mais pour beaucoup d’activistes des réseaux sociaux, ce courrier n’est pas une production de CFI qui est une structure assez sérieuse et assez responsable. La présentation même du courrier avec des parties effacées contrastaient aussi bien avec le sérieux de cette structure. Ce qui a conduit d’ailleurs beaucoup d’internautes à la conclusion que ce courrier serait l’oeuvre d’un journaliste béninois qui a certainement d’autres intentions. Des recherches sur les canaux de communication officiels de CFI ne révèlent aucune trace de ce courrier. Même la saisine faite par BWT auprès de CFI pour authentifier le document est restée sans suite.

Mais dans la soirée du 20 décembre, une autre adresse de CFI cette fois-ci publiée sur leur site officiel apporte la solidarité de ce service de développement média au journaliste Ignace Sossou. Dans cette adresse, CFI exprime sa préoccupation sur l’arrestation du journaliste d’investigation.  « la détention d’un journaliste en raison de ses publications, quelle qu’en soit la teneur, ne peut être justifiée et porte atteinte aux principes fondamentaux de la liberté de la presse.  » Une publication de CFI qui vient en rajouter aux commentaires sur les réseaux sociaux. D’aucuns y trouvent la confirmation que le premier papier ne vient pas CFi. Ils y trouvent deux positions contradictoires.

L’énigme d’un courrier à polémiques

Pour plusieurs internautes, la publication du dernier courrier du CFI est en contradiction avec le premier et semble confirmer la thèse d’une fabrication locale du premier. Certains activistes des réseaux sociaux trouvent même dans ce courrier des mains cachées des personnes jalouses du talent et du professionnalisme du journaliste Ignace Sossou. Pour ces derniers, ce prétendu courrier de CFI est sans doute un coup pour plonger davantage le mis en cause dans ce dossier de désinformation.

Qui aurait donc eu l’initiative d’un courrier au nom du CFI ? Quelles étaient les motivations de ce courrier « énigme » ? CFI pourrait-il dissiper les doutes en confirmant ou en infirmant la propriété de ce courrier? Pour l’heure, et en attendant que les responsables de CFI se prononcent sur le courrier à polémiques, le journaliste Ignace Sossou après être présenté dans la soirée du vendredi 20 décembre au procureur est gardé à vue à l’OCRC pour une nouvelle comparution le lundi devant le même procureur.

Le communiqué officiel

« Ignace Sossou, du site internet Bénin Web TV, a été amené à l’Office central de répression de la cybercriminalité où il a été questionné au sujet de plusieurs posts sur les réseaux sociaux produits durant un séminaire organisé par CFI à Cotonou. A l’issue de cette audition, il est ce soir maintenu en garde-a vue.

La détention d’un journaliste en raison de ses publications, quelle qu’en soit la teneur, ne peut être justifiée et porte atteinte aux principes fondamentaux de la liberté de la presse. »