Mauritanie : la langue française désormais bannie à l'Assemblée nationale
En Mauritanie, les langues autorisées désormais à l’hémicycle sont l’arabe, langue officielle du pays, et les 3 autres langues negroafricaines que sont le Pulaar, le wolof et le soninké. Un règlement intérieur du Parlement mauritanien a interdit aux députés de s’exprimer en français durant les débats parlementaires.
Les députés mauritaniens ne peuvent désormais s’exprimer qu’en arabe, la langue officielle, ou dans les langues nationales. Un règlement intérieur, adopté en juillet dernier, interdisant aux députés de s’exprimer en français durant les débats parlementaires, a été mis en application durant les dernières séances de la première session ordinaire de 2019-2020 qui a pris fin vendredi soir. Le président de l’Assemblée nationale, Cheikh ould Baya, colonel à la retraite, proche de l’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz, a notifié cette mesure aux élus ce vendredi 31 janvier.
Du coup, les seules langues admises au sein de l’auguste hémicycle sont désormais l’arabe, le hassania (qui en est dérivé), le peul, le soninké et le wolof. « Si vous parlez aux Mauritaniens, vous avez quatre langues d’expression qui sont prévues dans l’Assemblée. Un discours en français n’a plus de sens dans l’Assemblée ici. », a déclaré Le président de l’institution, Cheikh ould Baya.
Une décision controversée
Ce règlement intérieur ne fait pas l’unanimité au sein des députés. Pour les élus négro-africains qui ne parlent pas l’arabe, cette mesure est absurde. « La langue de travail, que ce soit dans le domaine privé ou public en Mauritanie, reste le français. C’est la langue de communication avec les pays périphériques, avec le monde extérieur. Par conséquent, on ne peut pas dire aux députés : « Exprimez-vous dans votre wolof, pulaar ou soninké ». En réalité, c’est pour faire en sorte que nous ne soyons compris que par nos communautés. C’est du communautarisme, pas de la politique. », a déclaré Ladji Traoré, un parlementaire de l’Alliance populaire progressiste.
Samba Thiam, leader des Forces progressistes pour le changement (FPC), fustige « le caractère léger, dilatoire et malsain, d’une mesure dont l’ambition inavouée est de perpétuer le même système qui opprime, depuis des décennies, les négro-africains de Mauritanie ». Pour sa part, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP-opposition), perçoit à travers la mesure «une volonté délibérée d’effacer les négro-africains du paysage politique et des autres activités de la vie du pays. Cela est cohérent avec le vieux projet chauvin, d’uniformisation ethnolinguiste du pays » par l’imposition d’une langue ».
Par ailleurs, de nombreux internautes dénoncent «l’attitude incohérente» de ces élites aux moyens immenses, qui envoient leur progéniture à l’école française pour échapper à la catastrophe d’un système éducatif détruit par une arabisation populiste et au rabais.
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