Covid-19 au Bénin: quand le gouvernement et les cliniques entretiennent le flou

Le Bénin, à l’instar de plusieurs autres pays, fait la douloureuse expérience de la pandémie qui sévit depuis quelques mois. Le nombre, sans cesse croissant des cas confirmés, commence à révéler des défaillances dans la gestion de cette crise sanitaire au niveau local.

Il a fallu la mort d’une dame, la quarantaine, dans une clinique pour que des langues se délient. Visiblement, la chaîne de gestion de la crise sanitaire n’est pas en phase avec les réalités du terrain. Après que le ministre de la santé a dénoncé la légèreté avec laquelle la clinique a géré le cas de la dame décédée, le médecin en chef de ladite clinique a répliqué, bien qu’étant en quarantaine.

En effet, outre le supposé mensonge de la victime, évoqué par le médecin traitant, il insiste que les numéros du Samu ne marchent pas comme cela se doit. Il dénonce un certain laxisme du centre de prise en charge, lorsqu’il dit qu’il appelait depuis le mercredi et que ce n’est que le samedi que les gens sont venus, par l’intermédiaire d’une connaissance. Pire, il révèle l’incapacité des médecins, commis à cette tâche, à vite donner les résultats des prélèvements.

Qui croire finalement?

Ces accusations mutuelles sèment encore plus la panique au sein de la population, que la pandémie elle-même. Il est à ce jour difficile de dire avec assurance que c’est la clinique qui a fauté ou que c’est le centre d’isolement qui est acculé. Toujours est-il qu’un flou artistique est entretenu autour de la pandémie. Patrice Talon, très intrépide, devra, au-delà des efforts perceptibles du ministre de la santé, s’impliquer personnellement dans cette lutte, au besoin, pour dissiper les inquiétudes des uns et des autres. S’il s’avérait que les centres sont surchargés, pourquoi ne pas envisager leur décentralisation en installant un centre par région?

L’autre cas, qui paraît dangereux, est la saturation du réseau, empêchant les gens de contacter au temps convenable le Samu. Si ce que dit le médecin de la clinique est vérifié, il faut revoir les méthodes pour permettre aux cas suspects et surtout aux populations de dénoncer les cas suspects. Cela y va de l’intérêt de tous. Et le gouvernement ne doit lésiner sur aucun moyen pour mieux contrer cette pandémie.