Covid-19: « En Afrique, la pandémie double tous les 5 jours », Lionel Zinsou

Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision, BFM Business, l’ancien Premier ministre béninois, banquier d’affaires, Lionel Zinsou, a opiné sur la mesure d’allègement de dettes annoncée au profit de certains pays africains en cette période du Coronavirus. Il a également abordé la progression de la pandémie en Afrique.

L’Afrique n’est pas encore atteinte par la Covid-19 comme on le constate sur d’autres continents; mais Lionel Zinsou appelle à la prudence face aux « petits chiffres » qui sont actuellement publiés. « Ce n’est pas parce que vous avez des petits chiffres avec quelques dizaines de personnes concernées que vous n’êtes pas dans une situation…Aujourd’hui en Afrique, la pandémie double tous les 5 jours », a-t-il déclaré.

« Quand vous passez de 10 à 20, de 20 à 400, ça vous paraît des petits chiffres; mais ça a commencé comme ça à Wuhan, qui s’est confinée à 400 contaminés », Lionel Zinsou.

L’avantage pour l’Afrique

Pour Lionel Zinsou, l’Afrique a l’avantage d’être touchée un peu plus tard. Ce qui lui permet aujourd’hui de prendre très tôt des mesures de riposte. « L’avantage pour l’Afrique, c’est qu’elle arrive un peu plus tard, donc elle sait qu’il faut prendre des mesures très tôt, donc elle s’essaie de se confiner, de prendre des mesures sanitaires un peu plutôt, alors qu’on en est encore à quelques centaines de cas dans certains pays. Mais quand vous doublez tous les 5 jours, c’est le même risque », a-t-il insisté.

Quid de l’allègement de dettes au profit de certains pays africains?

Dans le cadre de la riposte contre la pandémie du Coronavirus, le FMI et la France ont annoncé l’allègement de dettes au profit de certains pays africains. Sur cette question, Lionel Zinsou pense qu’il s’agit d’une mesure innovante. « C’est une mesure innovante, c’est une mesure assez historique », a-t-il déclaré. Pour Lionel Zinsou, cette mesure annoncée est une première, surtout quand on connait le mode de fonctionnement des institutions concernées.

« …on parle de suspendre des dettes qui sont dues d’un pays à un autre; mais y compris aussi à la banque mondiale et le FMI, des créanciers qui normalement n’acceptent jamais qu’il y ait suspension de dettes et d’intérêt, et on parle éventuellement pour une partie de la dette commerciale sur les marchés financiers d’avoir un moratoire. Donc, quand on prend l’ensemble des dettes, c’est une mesure des plus compètes. Elle n’a jamais été prise aussi complètement, en ce sens, c’est un progrès très important qui s’explique par des circonstances exceptionnelles », a déclaré le banquier d’affaires.