Gestions des fonds des établissements publics : le gouvernement encourage-t-il le détournement ?

Le gouvernement du Bénin a décidé désormais de confier le paiement des factures d’eau et d’électricité des écoles et collèges, respectivement aux collectivités territoriales et aux chefs d’établissements.

« Le nouveau mode de règlement desdites factures participe de la volonté du Gouvernement de trouver une solution durable à l’approvisionnement en eau potable et à la fourniture d’énergie électrique des établissements scolaires, aux fins d’éviter des situations de défaut de paiement, dont la conséquence est la résiliation des abonnements ou la suspension de la fourniture d’eau potable ou d’électricité », a indiqué le gouvernement, après le conseil des ministres du mercredi 27 mai 2020. En effet, les allocations destinées aux factures des écoles primaires et maternelles, inclues dans les subventions de l’Etat, seront désormais confiées aux maires des différentes communes. Celles des collèges restent inchangées, le chef d’établissement s’en occupe.

A la base, la mesure est bonne, mais la suite est plutôt mitigée. Le gouvernement indique qu’en cas « de défaut de paiement par une autorité communale, malgré la mise à disposition des ressources, amputation sera faite sur les ressources du Fonds d’Appui au Développement des Communes (FADeC), allouées à cette commune. S’agissant de l’enseignement secondaire, les ressources seront directement versées dans le compte des établissements scolaires. Le non paiement, par un chef d’établissement, malgré la mise à disposition de ressources, sera considéré comme un manque de performance ». A aucun moment donc, il n’est vraiment question de sanctions ou de mesures permettant d’éviter le détournement de ces fonds, combien importants pour l’éducation béninoise.

Vers une légitimation du détournement ?

Le gouvernement de Patrice Talon a-t-il sorti une nouvelle forme de permission de « détourner » le bien public ? Espérons que cela soit un malentendu, car le fait qu’à aucun moment dans les nouvelles mesures de paiement des factures d’eau et d’électricité des établissements publics, il n’a été question de sanction contre un éventuel détournement des fonds. Si le maire qui s’est rendu coupable de détournement des fonds alloués aux écoles reste sans inquiétude et si le remboursement des fonds sera encore fait par le fond FADeC, la poche du citoyen, où se trouve donc le moyen de pression pour éviter que l’eau et l’électricité des apprenants ne se retrouvent dans le ventre d’un individu?

Déjà que les élus pour la plupart, ne se soucient pas vraiment de leur localité, mais de leurs poches, s’ils savent qu’ils ne courent aucun danger en « volant » l’argent du contribuable, c’est un feu vert au détournement à haute intensité. Le fond FADeC est là pour aider à régler un problème précis dans une commune. S’il faut encore que ces fonds, déjà insuffisants, servent à boucher des trous creusés par un tiers qui ne sera même pas vraiment inquiété, comment amorcer véritablement le développement local ? Il faut que le gouvernement revoie cette mesure pour que l’élu « voleur » soit tout de suite envoyé en prison et qu’il rembourse son dû.