Mort de George Floyd: les observations de Candide Ahouansou sur les réactions

Les réactions observées à travers le monde, suite au décès de l’Afro-Américain George Floyd a suscité une réflexion chez l’ambassadeur Candide Ahouansou. Dans une tribune, il a fait remarquer que les seuls pays, dans lesquels il n’y a pas eu de réactions, sont des pays francophones d’Afrique.

Ainsi s’exprimait l’ambassadeur Candide Ahouansou, face au mutisme observé par les autorités des pays d’Afrique francophone, suite à l’homicide de l’Afro-Américain, étouffé par les genoux d’un policier blanc. Dans sa tribune, le diplomate tente de déterminer dans quelle mesure ce crime, raciste par sa nature, a suscité des réactions en adéquation avec sa gravité et s’il nous a laissé quelque enseignement.

« Nous avons, de nos propres yeux, vu en direct le 25 mai dernier et presqu’en temps réel, la mise à mort défiant toute imagination, d’un être humain par son semblable, alors qu’il était privé de toute défense. Et tout spectateur n’a pu retenir ses frissons devant telle barbarie« , rappelle l’ambassadeur Candide Ahouansou.

Le drame dont il s’agit, poursuit-il, mettait en scène un Afro-Américain, ayant donc du sang de descendance noire dans les veines, comme celui qui circule dans les nôtres, Africains et noirs de peau que nous sommes, et un policier blanc d’un Etat du nord des Etats-Unis d’Amérique, dénommé Minnesota et qualifié de raciste, pour le moins, dans ses manifestations policières et judiciaires.

« Nous avons été témoins oculaires de cette affreuse scène au cours de laquelle le policier de race blanche asphyxiait lentement, froidement et méthodiquement, le tout avec une aisance à vous couper le souffle, un être humain en écrasant fermement sa trachée artère avec son genou, après l’avoir maîtrisé au sol par des menottes. L’assassinat a duré sept trop longues minutes, sans égard aux supplications des passants et aux râles de détresse de la victime laissant néanmoins s’échapper de manière répétitive, un ‘’ je ne peux plus respirer’ ’dramatique dans une interminable agonie jusqu’ à ce qu’il rende l’âme, rappelle-t-il.

La réaction des Etats et nos Observations

face à ce drame des pays dont on ne peut pourtant pas douter des bonnes relations avec les Etats- Unis d’Amérique, tels la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Australie ont condamné le meurtre perpétré par le policier de Minneapolis et ont invité les autorités américaines à privilégier l’apaisement; fait observer l’ambassadeur dans sa tribune.

Les mêmes réactions ont été observées un peu partout à travers le monde; indique-t-il. c’est le cas par exemple du Ghana qui, par la voix de son Président qui a organisé dans son pays il y a de cela un an, ‘’l’année du retour’’ ayant réuni des milliers d’afro descendants, a déclaré sur sa page Facebook que ‘’ les Noirs du monde entier étaient choqués et bouleverses par ce meurtre’’.

Par ailleurs en Afrique du sud, le Congrès National Africain l’ANC a condamné ‘’tel meurtre raciste 70 ans après l’abolition de l’esclavage’’. En République démocratique du Congo, l’Ambassadeur américain a fait une longue déclaration sur son compte twitter en réponse aux nombreux congolais qui l’ont interpellé sur les réseaux sociaux. Au Kenyan, en Ouganda et en Tanzanie, des déclarations similaires ont été faites par les ambassadeurs américains.

Même le Vatican s’est indigné face à ce crime et a déclaré : ‘’ nous ne pouvons ni tolérer ni fermer les yeux sur aucune forme de racisme ou d’exclusion et prétendre défendre le caractère sacré de tout vie humaine’’, précise le diplomate qui s’interroge en fin compte sur le silence observé par certains pays. « Pourquoi d’autres pays africains n’ont-ils pas régi ? Le cas de notre pays. » s’est-il interrogé. 

Pourquoi les pays francophones d’Afrique n’ont pas eu de réaction?

L’énumération des pays qui ont réagi nous permet de relever que ce sont, essentiellement, les pays francophones qui sont restés silencieux à l’opposé des anglophones. Et pourquoi donc ? s’est-il interrogé dans sa tribune.

« Est-ce l’impact socio-politique de la superposition de leur culture d’apport sur leurs cultures traditionnelles respectives qui s’exprime ainsi sur chacun des deux groupes, anglophones et francophones ? Ou les francophones resteraient-ils scotchés au principe classique de non-ingérence ; principe qui, du reste, a largement évolué surtout quand sa mise en œuvre implique l’humain ? » s’est-il interrogé dans sa tribune.

Candide Ahouansou se refuse de croire que ça ce principe de non ingérence qui a justifié le mutisme des pays francophones d’Afrique. « Ce ne peut être la bonne justification, d’autant que bravant, au demeurant à bon escient, ledit principe, plusieurs Etats et non des moindres, européens comme africains, sont largement intervenus dans cette affaire criminelle et que, de surcroît, l’acte de fondation de l’Union africaine est, si je ne m’abuse, le premier traité de droit international qui maintient le droit d’intervention pour des raisons humanitaires », indique-t-il.

Pour lui, la justification serait à propos et surtout bien commode pour justifier l’attitude de ceux qui sont restés cois, leur permettant de s’en tirer à bon compte.

Le Bénin avait tout à gagner en réagissant

A croire l’ambassadeur Candide Ahouansou, l’on pourrait penser que notre pays avait tout à gagner à se faire entendre, et pour cause. « Nous n’aurions pas dû perdre de vue et laisser l’oubli s’emparer du fait que le Bénin est, à travers la ville de Ouidah, un haut lieu de l’esclavage d’où sont partis bon nombre d’afro-américains et que c’est à ce titre qu’il y avait organisé sous les auspices de l’UNESCO, la Route des Esclaves, il y a bientôt trente ans, avec précisément la participation de beaucoup d’invités afro-américains.

Pour l’ambassadeur, l’assassinat de George donnait ainsi au Bénin l’occasion de se présenter en défenseurs de vieille date, de la cause des Noirs américains, bien avant la toute récente organisation de l’’’Année du retour’’ du Ghana et de tirer profit de cet atout inégalé.  éAu lieu de cela, notre pays est resté silencieux.

Pour le diplomate les Intellectuels privilégiés en tout petit nombre au milieu d’un peuple qui a besoin d’être tiré par le haut, avaient le devoir de s’indigner face à cet assassinat d’un afro-américain et de semer l’indignation dans les esprits, « car la réalité c’est que nous sommes Noirs ; que nous nous devons de défendre la couleur de notre peau en toutes occurrences et d’encourager les concitoyens à le faire. Rien qui rabaisse le Noir ne devrait nous laisser indifférent. » indique-t-il dans sa tribune.