Bénin : la pauvreté toujours inquiétante malgré les « performances »
Les différentes performances qu’enregistre le Bénin et vantées par les dirigeants actuels semblent être plombées dans la vague de pauvreté qui dicte sa loi dans des familles et qui écourte, à la limite, l’expérience de vie des Béninois.
Les gouvernements successifs se sont employés à renverser la tendance de pauvreté afin que le Béninois vive mieux dans un pays véritablement développé. Le gouvernement Talon s’y emploie également depuis 2016. Mais malgré les efforts de ces différents gouvernements et principalement celui de Patrice Talon, l’indice de pauvreté dans le pays ne cesse d’inquiéter, compte tenu de son point toujours élevé.
Aristide, ancien employé d’une société spécialisée dans l’agroalimentaire, dans la commune de Sèmè-Podji, vit aujourd’hui à moins de 0,30£ par jour. Son revenu annuel avoisine 109£, environ 71 700 francs CFA. Son aîné était contraint d’abandonner l’école, « ses deux autres sœurs (heureusement des filles bénéficiant de la gratuité de la scolarité) continuent, dans des conditions précaires et misérables, leur enseignement éducatif », selon les dires d’Aristide.
Les conditions de vie d’Aristide, vivant dans une zone périurbaine, sont nettement mieux que celles de Jeanne, agricultrice, vivant à Dasso, village de la commune de Bonou dans le département de l’Ouémé. Veuve depuis 5 ans, elle dit avoir assisté, impuissante, à sa descente dans l’abîme, passant de la pauvreté à une paupérisation.
Même si des efforts ont été notés entre 2015 et 2019, le Béninois lambda peine à en ressentir les effets positifs.
Dans une enquête publiée par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE) et selon l’EHCVM 2019, le seuil global annuel de pauvreté est estimé à 246 542 francs CFA. Ce seuil est composé d’une composante alimentaire (146 793 francs CFA) et d’une composante non-alimentaire (99 749 francs CFA). L’analyse des dépenses des ménages béninois indique que 38,5% des individus vivent en dessous de ce seuil de pauvreté.
Au moment où ceux qui vivent dans les départements de l’Ouémé et du Littoral sont moins exposées avec moins de 19% d’indice de cette pauvreté, ceux vivant dans les départements du Borgou et du Couffo ont une indication de 53 % environ. « Une disparité qui rend encore plus précaire la vie de ces Béninois », affirme le psychothérapeute Eledja Hounnsou.
Pour nombre de Béninois, la politique d’employabilité du régime en place est bien loin de résorber cette problématique liée à la pauvreté. Dans le même temps, le ministre du plan, Abdoulaye Bio Tchané, présentant les prouesses du pays passant désormais du pays pauvre à pays à économie intermédiaire, a signifié que « les différents programmes d’action du gouvernement Talon ont permis de repousser la pauvreté dans le pays ». « Une prouesse qui contraste avec les réalités du quotidien du Béninois », rétorque Casimir Kpédjo, journaliste économique.
« La situation économique des Béninois était déjà préoccupante et avec l’arrivée de la pandémie liée au coronavirus, c’est le comble », se désole Gisèle, gérante d’une entreprise de restauration. Aujourd’hui, ce n’est plus un secret que le panier de la ménagère est plus qu’inexistant, poursuit la quinquagénaire, qui dit éprouver de sérieux soucis pour désormais subvenir aux besoins de sa famille de 7 personnes.
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