RDC : l’UE proroge ses sanctions, Joseph Kabila promet de se venger

Ce lundi, l’Union européenne a renouvelé ses sanctions contre Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la coalition au pouvoir pour la prochaine présidentielle en RDC. 13 autres hauts responsables du pays, principalement des proches de Kabila, sont aussi sous le coup de cette prorogation de sanctions.

La décision risque d’aggraver les relations entre l’UE et le gouvernement du président Joseph Kabila, qui s’est insurgé contre les sanctions qu’il appelle une violation illégale de sa souveraineté. Kabila a également refusé d’accréditer les observateurs des élections européennes malgré les inquiétudes des hommes politiques de l’opposition, des militants de la société civile et des puissances étrangères sur la crédibilité du vote du 23 décembre. Il doit se retirer le mois prochain après 18 ans au pouvoir et souhaite que Shadary soit son successeur. De nombreux experts le considèrent comme le favori compte tenu des avantages institutionnels et financier de la coalition au pouvoir.

En 2016 et 2017, l’UE a imposé des sanctions à Shadary et à 15 autres ressortissants congolais pour violente répression des manifestations et les retards répétés des élections, qui devaient se dérouler il y a deux ans. Deux des 16 ont depuis été transférés sur une liste de sanctions des Nations Unies. Shadary a été ministre de l’Intérieur lors de certaines manifestations et haut responsable du parti PPRD de Kabila. Les sanctions comprennent des interdictions de voyager et des gels d’avoirs, a déclaré l’UE dans un communiqué, ajoutant qu’elle « examinerait les mesures restrictives à la lumière et après les élections en RDC et se tenait prête à les ajuster en conséquence ».

Le vote marquera la première transition démocratique du pouvoir du pays depuis l’indépendance de la Belgique en 1960. Kabila a déclaré dimanche à Reuters que son gouvernement envisageait de se venger de l’UE. « Il y aura certainement des mesures (de rétorsion), parce que nous pensons que ces sanctions ont une motivation politique », a-t-il déclaré. « Nous ne parlons pas d’expulser qui que ce soit mais nous devrons certainement rembourser en nature d’une manière ou d’une autre. » L’un des principaux candidats à la présidentielle, Martin Fayulu, a appelé samedi au maintien des sanctions. « L’UE devrait renforcer ses sanctions contre Shadary afin d’empêcher le régime de Kabila, car il a été à l’origine de nombreuses violations des droits de l’homme », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement pour la campagne dans la ville de Kisangani.