Sénégal – Présidentielle: la candidature de Karim Wade « entre deux chaises »

La candidature de Karim Wade pour la prochaine élection présidentielle du 24 février 2019 devant élire le successeur du président Macky Sall, fait objet de vive polémique. Nombreux acteurs de la scène politique sénégalaise remettent en cause « l’éligibilité de la candidature de Karim Wade », tandis que ses proches ni voient rien de mal.

C’est de bonne guerre. La candidature du fils de l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade, Karim Wade défraie de plus belle la chronique en ce qui concerne son éligibilité. Pour le camp de Karim Wade, il n’y a rien de mal encore moins de doutes sur la candidature de leur leader charismatique. Les conseils de Karim Wade, ont adressé au président de la République et aux membres du Conseil constitutionnel une lettre pour souligner plusieurs incohérences autour de l’éligibilité de leur client. Selon les avocats de Karim Wade, leur client satisfait à toutes les conditions posées par les textes applicables. En premier lieu, les avocats de Karim Wade ont souligné que leur client a été régulièrement et définitivement inscrit sur la liste électorale, le 16 avril 2018. Karim Wade recevait ainsi un récépissé n°80651515 et portant le visa du SG de la DECENA Koweït. Mais, ses arguments ont tout simplement glissé tels de l’eau sur le dos du canard aux yeux du pouvoir en place.

Pour la mouvance présidentielle, il s’agit d’une candidature qui ne passe pas. Pour cause, Karim Wade ne remplie pas les conditions nécessaires selon elle, pour être éligible. Ainsi, l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Farba Senghor qui, récemment a déclaré son soutien ferme à Macky Sall, est monté au créneau ce samedi 12 janvier 2019 et a désapprouvé la lettre des spécialistes du droit nationaux et internationaux adressée au Conseil constitutionnel du Sénégal sur la candidature de Karim Wade. A travers son communiqué, l’ancien ministre démissionnaire du PDS, a dénoncé une violation du principe de l’indépendance du juge en charge de la publication de la liste des candidats à l’élection présidentielle du Sénégal du 24 février 2019.

« En démocratie, le juge ne peut faire l’objet d’aucune pression sauf celle de sa propre conscience. Or , la lettre adressée au conseil constitutionnel du Sénégal par Jean Paul Costa, ancien Président de la cour européenne des droits de l’homme et Cie en est une », s’est indigné l’ancien Conseiller spécial du Président Abdoulaye Wade, à travers son communiqué.

« En effet, poursuit-il, les auteurs de la lettre violent le principe de l’indépendance du juge au moment où le conseil constitutionnel s’apprête à publier la liste des candidats à l’élection présidentielle du Sénégal du 24 février 2019. », a-t-il ajouté dans son communiqué.

 

Éligibilité ou non, que faut-il comprendre de la candidature de Karim Wade ?

Le fait que la décision de la CREI de condamner Karim Wade à six ans de prison ferme ne soit pas assortie de la perte de ses droits civiques, prouve que rien n’empêche Karim Wade de se présenter à une élection présidentielle au Sénégal. Au plan juridique, selon diasporaenligne.net, pour que Karim Wade perde ses droits civiques, il aurait fallu que la CREI prononce expressément cela dans son jugement. Ce qui n’est pas le cas. Pour ce média, il faut distinguer l’inscription sur les listes électorales à l’éligibilité. Se basant sur l’article 31 du Code électoral qui dispose que celui qui est condamné à plus de 5 ans de prison ne peut pas s’inscrire sur les listes électorales, cette source affirme que cette disposition concerne le droit de vote et non l’éligibilité d’un citoyen. Ainsi, donc Karim Wade, peut bien se présenter à une élection présidentielle au Sénégal après avoir purgé sa peine. Même s’il ne peut plus voter, il garde en revanche ses droits civiques qui lui permettent de briguer les suffrages de ses compatriotes.