« Covid-19 Mafia »: le Nigéria cité par Interpol dans un réseau international d’escroquerie

Commander des masques de protection contre le coronavirus devient une gageure, installant du coup une mafia dans ce « Covid-19 Business ». Le Nigéria, grand pays de l’Afrique de l’ouest, et trois autres pays européens sont cités par Interpol dans un rapport dénommé « Unmasked: International COVID-19 fraud exposed ».

Spéculation, rupture de stock, détournement de commandes, …, la ruée sur les masques en cette période de Covid-19 a permis aux « entrepreneurs véreux » d’asseoir une autre mafia de Covid-19. Ce mardi 14 avril 2020, un rapport d’Interpol dénommé « Unmasked: International COVID-19 fraud exposed », traduit par « Démasqué: fraude Covid-19 internationale révélée », a mis à nu une vaste opération d’escroquerie de masques de protection.

Selon le rapport, l’affaire a été coordonnée par l’Organisation internationale de police criminelle, communément abrégée en Interpol, et a conduit à des arrestations, et déclenché des enquêtes dans toute l’Europe. Ainsi, trois pays européens, l’Allemagne, l’Irlande et les Pays-Bas, sont impliqué dans ce rapport. Le Nigéria, grand pays ouest-africain, a été mentionné comme étant la base d’un compte qui devait recevoir le transfert frauduleux.

« À la mi-mars, alors qu’un certain nombre de pays étaient en état de quarantaine en raison de l’épidémie de coronavirus, les autorités sanitaires allemandes ont passé un contrat avec deux sociétés de vente à Zurich et à Hambourg pour l’achat de masques faciaux d’une valeur de 15 millions d’euros », peut-on lire dans le rapport.

Une opération complexe savamment mise en place

Tout a commencé avec une adresse électronique et un site web qui semblaient être liés à une société légitime en Espagne, vendant des masques faciaux sur un site web. À l’insu des acheteurs, le site web en était un faux et leurs adresses électroniques légitimes avaient été trafiquées.

Par le biais d’une correspondance électronique, l’entreprise a d’abord annoncé avoir 10 millions de masques, uniquement pour que la livraison n’ai pas lieu. En guise d’excuses, l’entreprise a ensuite redirigé les acheteurs vers un autre revendeur « de confiance » en Irlande. L’intermédiaire irlandais a promis de les mettre en contact avec un autre fournisseur, cette fois aux Pays-Bas.

Prétendant avoir une relation commerciale solide avec l’entreprise, l’homme a donné l’assurance que la prétendue entreprise néerlandaise serait en mesure de fournir les 10 millions de masques faciaux. Un accord a été conclu pour une première livraison de 1,5 million de masques, en échange d’un paiement initial de 1,5 million d’euros.

Les acheteurs ont effectué un virement bancaire vers l’Irlande et préparé la livraison, qui a nécessité 52 camions et une escorte de police pour transporter les masques d’un entrepôt aux Pays-Bas à la destination finale en Allemagne.

Juste avant la date de livraison, les acheteurs ont été informés que les fonds n’avaient pas été reçus et qu’un transfert d’urgence de 880 000 euros directement au fournisseur néerlandais était nécessaire pour sécuriser la marchandise.

Les acheteurs ont envoyé le virement bancaire et les masques ne sont jamais arrivés. Il s’est avéré que la société néerlandaise existait, mais que leur site web avait également été cloné. Il n’y avait aucune trace officielle de la commande.

À la recherche de l’argent

Lorsque les acheteurs ont réalisé qu’ils avaient été dupés, ils ont immédiatement contacté leur banque en Allemagne, qui à son tour a contacté l’unité de criminalité financière d’INTERPOL, déclenchant une course contre la montre, pour intercepter les fonds et suivre la piste de l’argent. Les banques, les services de renseignement financiers et les autorités judiciaires, ainsi que les organisations partenaires Europol et EUROJUST, se sont joints à INTERPOL dans la course.

INTERPOL a contacté son Bureau central national à Dublin ainsi que la banque irlandaise. L’intervention rapide du Bureau national de lutte contre la criminalité économique de la Garda a permis de geler le montant de 1,5 million sur le compte et d’identifier la société irlandaise impliquée. Le service néerlandais d’information et d’enquête fiscales a rapidement retrouvé la trace des 880 000 euros qui avaient été transférés de la société allemande. Près de 500 000 euros de ces fonds avaient déjà été envoyés au Royaume-Uni, la totalité étant destinée à un compte au Nigeria.

Europol a activé ses réseaux professionnels pour atteindre des contacts-clés dans le secteur bancaire. Grâce à une alerte lancée par les enquêteurs, la banque britannique a pu rappeler le montant total. Ces fonds ont maintenant été restitués aux Pays-Bas et gelés par les autorités.

« Les personnes arrêtées dans cette affaire n’avaient aucun lien avec l’industrie des équipements médicaux. Il s’agissait simplement de fraudeurs expérimentés qui ont vu une opportunité avec l’apparition de covid-19. » », Jürgen Stock, Secrétaire Général d’INTERPOL

« Ils ont adapté leurs arguments de vente pour tirer profit des chaînes d’approvisionnement tendues et générer d’énormes profits. Je ne peux que saluer le travail rapide des autorités privées et publiques concernées. INTERPOL poursuivra son travail sur cette affaire – et les nombreuses autres du même type – en étroite collaboration avec tous nos partenaires », a ajouté le chef d’INTERPOL.

INTERPOL tient à rappeler au public qu’il doit être vigilant car les groupes criminels organisés continuent d’adapter leurs activités pour tirer parti de la crise sanitaire mondiale.