Burkina : reprise du procès du putsch manqué de 2015, « le procès ne sera pas équitable » selon les avocats

Débuté mardi 27 février 2018 au tribunal militaire de Ouagadougou, le procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso reprend ce mercredi 21 mars.

Accusés dans le cadre d’une tentative manquée de coup d’état en septembre 2015 au Burkina Faso, 84 personnes avaient été arrêtées, soupçonnées d’y être impliquées de quelque manière que ce soit. Dans ce procès, 18 civils et 66 militaires dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés de la tentative de coup d’Etat, avaient comparu.

Mais l’audience, à peine ouvert avait été suspendu à cause du retrait de tous les avocats de la défense. Ceux-ci ont quitté la salle, protestant contre la légitimité du tribunal militaire dont le décret qui nomme son président n’est pas encore en vigueur.

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Lors d’une conférence, les avocats ont fait savoir, : « Nous ne pouvons pas laisser passer des monstruosités » a martelé maître Mathieu Somé, l’un des avocats du général Gilbert Dienderé.  Selon lui, les accusés sont convoqués devant la chambre de première instance du tribunal militaire. Or, les magistrats devant lesquels ces mêmes accusés doivent comparaître, ont été nommés pour occuper des fonctions dans une juridiction appelée la chambre de jugement.

« Le décret comporte toujours des erreurs. Ouédraogo Seydou ne peut pas venir nous dire qu’il est le président de la chambre de première instance, il est nommé clairement ici président de la chambre de jugement, explique maître Mathieu Somé. J’ai tout l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre qui n’a pas intérêt à ce que le dossier soit jugé. Il faut que l’on arrête de dire que ce sont nos clients qui ne veulent pas être jugés ! ».

Pour les avocats de la défense, le procès ne sera pas équitable, car les juges qui trancheront sur cette affaire du coup d’Etat sont nommés sur proposition de René Bagoro, l’actuel ministre de la Justice, qui s’est constitué partie civile dans le dossier. René Bagoro, alors ministre de l’habitat, avait été séquestré par des éléments de l’ex-régiment de sécurité présidentielle lors du Coup d’État.

« Il est établi que les juges qui nous jugeront ont été nommés par René Bagoro, lance maître Christophe Birba. Nous pensons que c’est un boulevard pour notre condamnation que d’être jugé par le plaignant par personnes interposées ».

Les avocats de la défense affirment avoir soumis toutes les problèmes constatés et attendent des réponses afin que le procès prévu pour ce mercredi 21 mars se déroule bien.

Pour rappel, des soldats du régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde rapprochée de Blaise Compaoré, avaient tenté de renverser le 16 septembre 2015 le gouvernement de transition mis en place. Le président Compaoré avait quitté le pouvoir à la suite d’un soulèvement populaire le 31 octobre 2014, après 27 ans au pouvoir.