Bénin : « 4 preuves que le nouveau calendrier scolaire est du pipeau »

Le calendrier scolaire réaménagé pour sauver l’année n’est pas du goût du Secrétaire Général du Syndicat des Professeurs Permanents et Contractuels  (SyNaPPeC). Thierry Dovonou pense que ce qui est fait n’est pas techniquement au point et sera la source d’une fin d’année catastrophique pour les apprenants. « Nous devons savoir que quand on fait trois mois et demi de grève à partir de Janvier, la récupération d’une pareille année devient une récupération politique. C’est connu », a-t-il affirmé.

Il déplore le fait que les cadres techniques ne soient pas associés pour faire des propositions objectives. Pour avoir participé à trois réaménagements de calendrier scolaire, il pense que les cadres auraient pu mieux faire que ce qui est proposé. Lire ci-dessous un extrait de sa réaction.

« …Le réaménagement d’un calendrier possède des invariables opérations ou des fondamentaux :
1- Les techniciens doivent savoir faire la différence entre une progression suggérée dans les guides/Programmes et la progression réelle. Ceci nécessite une visite de terrain pour avoir la progression réelle.
2- Les techniciens réunis doivent être de différentes disciplines et de différentes qualifications (universitaires, Professeurs certifiés, inspecteurs pédagogiques, syndicalistes ayant une expérience dans le domaine, personnes ressources)
3- Les directeurs techniques des examens et concours sont aussi présents.
4- Les normes internationales par rapport aux dates d’examens sont mises entre parenthèse (le Burkina a donné l’exemple en mettant le BAC au 2 Juillet après un mois de grève).
5- L’année scolaire suivante est obligatoirement réajustée (c’est une question de souveraineté et surtout d’efficacité)

La première preuve que les techniciens ont joué les ministres : un calendrier réaménagé ne sort jamais avant la fin officielle des grèves, avant une reprise totale de l’école. La reprise a été totale ce mardi 8 Mai 2018 (exhortations du Front de Patrice SENOU et des trois centrales qui étaient encore en grève). Le Sénégal, une semaine et demie après la fin des grèves n’a pas encore sorti son calendrier réaménagé.
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La deuxième preuve : les concepteurs du calendrier ont envoyé trois instructions sur le terrain (signe de leur panique). Dans les instructions, ils demandent aux directions des collèges d’organiser soit 2 mini-devoirs, soit un mini-devoir et un devoir pour le second semestre. Ils savent aussi qu’il n’y a plus de temps pour les deux interrogations réglementaires. Même au temps de Zinsou en 1969, personne n’avait dit de faire des mini-devoirs à la place des devoirs. Encore qu’ici, ils en demandent deux !

La troisième preuve : ils ont demandé aux enseignants de faire des rattrapages. C’est une première mondiale. Une institution scolaire ne donne pas une telle instruction. Tous les enseignants savent que ce n’est pas possible, surtout pour les vacataires. Le directeur qui appliquera cette instruction sait qu’il sera déchargé pour mauvaise gestion des ressources de l’Etat. Le Président Talon ne badine pas et je le soutiens sur ce plan. Le syndrome ATASSI est encore là, très frais dans les esprits. En philosophie par exemple, M Maximin HOUNZANDJI (je ne sais pas s’il est concepteur du calendrier frelaté) a fait fort : il demande aux enseignants d’escamoter le cours, de faire des lectures expliquées et des dictées de notions.

Revenons aux fondamentaux. Pour être utile à la nation et dans le cadre des négociations centrales/gouvernement du 3 Mai 2018 (rencontre reportée), le secrétaire général de l’UNSTB, la Camarde Emmanuel ZOUNON, un non enseignant qui n’était pas d’accord avec le calendrier réaménagé comme toute la population béninoise (les vox populi des radios confirment), a mis sur pied une commission qui devrait faire le point de la progression réelle dans les programmes et proposer une date probable de la rentrée 2018-2019 à travers une proposition de calendrier réaménagé. La date possible de rentrée trouvée est : 15 Octobre 2018 si ce n’est pas début novembre.

Observons le calendrier établi pour tromper les ministres.
Après trois mois de grève, les cadres ont proposé 1 mois et demi pour compenser 3 mois perdus. Ce qui est une bêtise absolue. Ces techniciens ne sont d’ailleurs pas allés sur le terrain. C’est seulement cette semaine de 8 Mai qu’ils y sont rendus.

Les données obtenues par le SyNaPPeC pour l’UNSTB auprès des AE montrent qu’en Mathématiques, en SPCT et en SVT que 60 à 70% des programmes ne sont pas exécutés à ce jour. D’ailleurs, dans certaines régions, le premier semestre n’est pas arrivé à son terme. C’est maintenant que certains CEG organisent le 2ème devoir du premier semestre. Les conseils de fin de premier semestre n’ont pas eu lieu dans 68% des collèges publiques à la date du 30 Avril 2018.

Pour la progression réelle, prenons des cas concrets : SVT, en 4ème ; les enseignants sont en train de finir le 1er SA qui en possède 3. Or la progression suggérée pour la SA 2 par l’institution est 9 semaines (à retrouver dans 1 mois et demi). Tous les spécialistes savent le rôle que joue la géologie dans le développement de l’intelligence logico-mathématique des enfants. D’ailleurs les AE de mathématiques contactés ont dit que les programmes ne pourront pas être terminés quelque soit la quantité des séances de rattrapages.

En seconde D, pratiquement tout le monde est sur SA 1. Or la progression suggérée pour la SA 2 par l’institution est de 12 semaines (à retrouver dans 1 mois et demi). En matière de continuum des savoirs, l’école béninoise sortira saccagée, si ce calendrier n’est pas revu. Un enfant qui ne maîtrise pas la notion de transport membranaire en seconde, ne pourra pas comprendre la transmission synaptique en terminale (SA 3).

En terminale D, 80% des collègues viennent de démarrer la SA 3. Il faut 7 semaines pour finir cette SA et 5 semaines pour finir la SA 4. L’enseignant peut rattraper même les dimanches, il ne pourra pas finir, à moins qu’il remette des polycopies à photocopier.

C’est une instruction implicite qui fera date. En troisième, il n’y a pas mieux. Les concepteurs diront qu’au BEPC et au BAC, ils vont évaluer ce qui est enseigné. Ce qui est sûr, il y a un continuum entre l’EPAC, l’AGRO, la Médecine et les programmes de nos collèges du point de vue des notions enseignées. Au primaire, pour les classes intermédiaires, la situation est plus grave… »

SG Thierry DOVONOU

1 commentaire

comments user
tchibozapo

Dommage
En réalité l’avenir des enfants béninois est il vraiment une préoccupation,?
Désolé de le dire l’année Blanche était la meilleure solution, ou à défaut,
*Organiser une session pour les élèves du privé et pour les élèves du public qui sont prêts;
*Et Organiser une autre session en Juillet ou en Août.
Bien-sûr aucun ne peut faire plus d’une session. Le Sénégal à eu le faire.
Mais il faut des sacrifices des deux parties et une absence de toute ruse.
Ce qui se fait actuellement c’est un saupoudrage et les problèmes restent.