Bénin : parution d’un ouvrage qui fait tomber le mythe du CAMES

Intitulé « Le CAMES : la nébuleuse qui entrave l’essor du Bénin et de l’Afrique », l’ouvrage, fruit de la collaboration de deux professeurs de l’université d’Abomey – Calavi (Bénin), est présenté au public ce 25 avril 2018 à Cotonou. A en croire les auteurs, il pose une thérapie violente du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES), non pas pour le blesser, mais pour le réveiller, comme un malade comateux, pour relancer la vie qui s’éteint en lui, le souffle qui se meurt.

Ecrit par le Docteur Oladé Okunlola Moïse Lalèyè, spécialiste de l’administration locale et culturelle, Professeur  du droit public et science politique à la faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin) ; et le Docteur Mohamed Chérif-Deen Rahimy, professeur de pédiatrie et de génétique médicale à la Faculté des sciences de santé de l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), l’ouvrage traduit les griefs de ses auteurs contre le CAMES, considéré depuis plus 45 ans comme la plus prestigieuse institution de l’enseignement supérieur en Afrique francophone mais caricaturé par les auteurs comme un gouffre financier pour les universités.

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« Le CAMES est un véritable mal qui repend la médiocrité, l’incompétence, l’impudeur, l’arrogance futile et l’inculture dans les universités africaines », a fait observer les auteurs qui dénoncent, après cinq (05) années d’enquête, la promotion fictive que fait le CAMES des valeurs scientifiques africaines à travers l’évolution en grade puis le contrôle et la validation de la qualité des offres de formations dans les universités aussi bien privées que publiques sur des bases inexistantes.

« Le CAMES élève des barrières arbitraires artificielles pour empêcher la promotion des enseignants de rang magistrale en Afrique francophone pendant qu’en France, même le maître assistant est supprimé depuis belle lurette et qu’une bonne thèse de doctorat unique confère presque automatiquement le rang de maître de conférence. Au CAMES on en est même pas au maître assistant », peut-on lire dans l’œuvre à la page 9.

Professeur Oladé Okunlola Moïse Lalèyè, co-auteur de l’oeuvre

Pour les auteurs, non seulement la promotion équitable que le CAMES fait des valeurs scientifiques pose un problème, son évaluation des diplômes et du système éducatif des universités est des plus bâclée. « Le CAMES est montré et s’illustre comme une confusion parfaite en ce qui concerne la signification ou le contenu à donner aux métiers d’enseignant avec celui de chercheur se fourvoyant piteusement dans le très cénacle concept d’enseignant chercheur », ont-ils souligné avant d’ajouter : « le CAMES ne dispose pas de textes fondamentaux, et je défie quiconque pour m’apporter la preuve du contraire ».

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Professeur Mohamed Chérif-Deen Rahimy, co-auteur de l’oeuvre

Dans leur œuvre, les auteurs ne se sont seulement pris au CAMES mais aussi aux autorités béninoises en charges de l’enseignement supérieur au Bénin qui, selon eux, placent une confiance béate à une institution dont ils ignorent le mode de fonctionnement. « Comment comprendre que les universités demandent aux enseignants d’envoyer leur dossier au CAMES sans se préoccuper des critères de promotion ? Quelle est la plus-value du CAMES si les diplômes promus n’ont de valeur que s’ils sont reconnus par les Etats qui les ont délivrés ? » se sont-ils interrogés.

Créée le 26 avril 1972, le CAMES est une résolution de la Conférence des ministres de l’Éducation nationale de la francophonie tenue à Paris en 1966 pour, dans un large esprit de coopération inter-africaine, promouvoir et favoriser la compréhension et la solidarité entre les Etats membres ; instaurer une coopération culturelle et scientifique permanente entre les Etats membres ; rassembler et diffuser tous documents universitaires ou de recherche : thèses, statistiques, informations sur les examens, annuaires, annales, palmarès, information sur les offres et demandes d’emploi de toutes origines.

Il a également pour mission de réparer les projets de conventions entre les États concernés dans les domaines de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et contribuer à l’application de ces conventions ; et de concevoir et promouvoir la concertation en vue de coordonner les systèmes d’enseignement supérieur et de la recherche afin d’harmoniser les programmes et les niveaux de recrutement dans les différents établissements d’enseignement supérieur et de recherche, favoriser la coopération entre les différentes institutions, ainsi que des échanges d’informations.

5 comments

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Tonangnon

Félicitations aux auteurs pour leur courage à mettre sur la place publique ce secret de polichinelle sur la cames. De nombreux enseignants universitaires de nombreux pays s’en plaignent en privé, mais vous prient de ne pas mentionner leurs noms, de peur des représailles. Un ex doyen de calavi etait souvent cité parmi ceux qui faisaient les rois dans cette nebuleuse.

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Kirikou Sanda

J’ai lu ce livre et j’ai l’impression que les auteurs étaient très enragés au point de perdre parfois la raison pour raconter des ragots. S’ils avaient réussi les promotions du CAMES écriront-ils ce livre. Je ne crois pas (rire!) Alors, arrêtez de vous faire intoxiquer par ces misérables intellos à la solde de ceux-là qui veulent voir disparaître le seul espace d’enseignement supérieur au monde qui fonctionne. L’Afrique doit s’unir et non se désolidariser… La critique de ces reliquats de la médiocrité est tout sauf constructif. Que propose-t-il à la place de l’institution qu’ils veulent détruire. La réponse rien que du KO et de la confusion.

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citoyen objectif

Un des problèmes du CAMES est que les enseignants y sont jugés PAR LEURS PAIRS. Les plus gradés jugent des dossiers des moins gradés. Et si par malchance l’objectivité n’est pas au rendez-vous, on assiste plus à des règlements de compte qu’à des évaluations objectives.
Tout ceci concourt à faire du corps professoral universitaire un milieu similaire à l’armée où le moindre manque de respect à un collègue d’un rang plus élevé se solde par des évaluations négatives.
Après, il faut se poser la question de savoir pourquoi la plupart des pays anglophones n’en sont pas membres, ne cherchent pas à y entrer et ont leur propre système d’évolution.

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Ben dohou

Le systeme d’enseignement des pays anglophones est bien mieux ce systeme CAMES .
Le CAMES était tres bien jusqu’en 2000 et apres il faut le revoir .Certains pays l’ont compris ,ils ont instauré des autorités locales d’assurance qualité .Pour le developpement de l’Enseignement Privé ,le CAMES est un grand frein en raison des exigences « copiées » du temps où on formait l’elite africaine en gestion ,sciences pures etc …pour presenter une Licence d’informatique au CAMES ,il faut casquer un budget conséquent alors que cette même licence est censée avoir été reconnue par l’Etat d’origine …….

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Ismael

Comment se procurer ce livre depuis l’extérieur svp ??