Bénin – rachat de dette: le gouvernement répond à Guy Mitokpè sans le convaincre

Le gouvernement a répondu à la préoccupation du député de la minorité parlementaire Guy Dossou Mitokpè sur la question relative à l’opération de rachat de la dette intérieure pour une valeur de 350 milliards de FCFA confiée à la Société de Gestion et d’intermédiation (Sgi) dont le président de la République était un ancien actionnaire . C’était ce jeudi 12 avril 2018 par l’entremise du  ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, présent à l’Assemblée nationale. Des réponses qui semblent n’avoir pas convaincu le député, secrétaire général du parti Restaurer l’Espoir qui, dans la foulée a taclé à nouveau le gouvernement.

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L’exercice, certes difficile, avait pourtant été bien exécuté par le ministre Abdoulaye Bio Tchané au parlement ce jeudi. On sait désormais que ladite opération de rachat partiel de la dette intérieure vise des dettes contractées à des conditions qui ne sont pas à l’avantage de l’Etat béninois. Il s’agit selon Abdoulaye Bio Tchané « des dettes héritées en grande partie de la gestion passée, ayant une maturité moyenne de 3,3 ans avec un taux d’intérêt moyen de 7,2 % ». Et comme exemple, le ministre cite le Prêt BOAD signé le 07 avril 2015 pour la Construction d’une Centrale thermique de 120 MW à Maria Gléta à un taux d’intérêt de 8,5%. « Ce taux apparaît très élevé pour la nature de l’investissement. De plus, du fait d’une mauvaise planification et d’un mauvais montage, ce projet est aujourd’hui à l’abandon », fait-il observer.

A en croire Bio Tchané, c’est pour corriger cette situation que le Gouvernement a entrepris le refinancement de la dette actuelle « c’est-à-dire en contractant de nouvelles dettes à des taux bien plus faibles sur une durée beaucoup plus longue » qui n’est possible aujoud’hui que grâce à la crédibilité retrouvée du Bénin à la faveur des réformes économiques et financières conduites depuis avril 2016. Des explications saluées par l’ensemble des députés du bloc de la majorité parlementaire mais qui ont laissé le principal instigateur de la question sur sa soif.

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« Aux représentants du Gouvernement, je voudrais dire mes remerciements pour cet essai de réponse, même si je dois avouer que je n’ai pas été convaincu des positions du Gouvernement sur la question » a laissé entendre Guy Mitokpè qui, pour se justifier, se lancera dans une démonstration magistrale de finance internationale. Pour ce dernier, la pertinence de refinancement de la dette dans notre contexte actuel, ou en d’autre terme pour notre économie agonisante se pose du fait du caractère douteux des sociétés spécialisées dans ce genre d’opération, de rachat ou de refinancement de la dette bancaire. « Le refinancement de notre dette bancaire sur les marchés financiers ou au niveau des hedge funds, comporte d’énormes risques et vous le savez Monsieur le Ministre » fait-il observer.

Pour lui,  le fondement de la stratégie des fonds d’investissements spéculatifs est de parier sur l’échec de l’emprunteur puis de récupérer un maximum d’argent lorsque ce dernier est à terre. « Ce qui voudrait signifier que le souhait de ceux auprès de qui notre pays emprunte, est que nous n’arrivions pas à éponger l’emprunt, ainsi ils pourront s’accaparer de notre pays comme des vautours ». Et à Mitokpè de se demander quelles sont les assurances que le Gouvernement peut-il donner à notre peuple et à la Représentation Nationale, que nous ne sommes aucunement dans un schéma de refinancement de notre dette par un de ces fonds d’investissements spéculatifs ou fonds vautours. « Pire pourquoi avoir choisir le tribunal des Royaumes Unis comme arbitre en cas de litige ? » se demande t-il.