«Une réglementation à outrance du droit de grève n’est pas la solution», Csa-Bénin
L’encadrement de l’exercice du droit de grève au Bénin intervenu ce mardi 04 septembre 2018 continue de faire de mécontents dans le rang des organisations faîtières des travailleurs. Au nombre de ceux-ci, la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (Csa-Bénin) qui dénonce une remise en cause des acquis sociaux et démocratiques conquis depuis la Conférence de février 1990.
Après la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) et l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) qui annoncent une marche pacifique de protestation contre l’encadrement de l’exercice du droit de grève au Bénin, c’est le tour de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) de donner sa position sur cette nouvelle donne. Pour la Csa-Bénin, c’est un autre complot contre la démocratie et les droits syndicaux. «Une limitation légale de la durée totale de la grève à 10 jours maximum par an, sera une mesure plus dommageable pour toutes les parties prenantes et plus ‘’incompréhensible’’ qu’une interdiction pure et simple de l’exercice du droit de grève», fait constater la Confédération dans sa déclaration du 06 septembre 2018. A ses yeux, il s’agit d’une nouvelle provocation des travailleurs car cette réglementation du droit de grève est non seulement antisociale mais aussi humiliante. «Une réglementation à outrance du droit de grève n’est pas la solution, au risque de vider ce droit de sa substance», insiste-t-elle sans manquer de dénoncer le refus de l’Etat de dialoguer avec les autres forces sociales que sont les travailleurs et le Patronat. «Au lieu de pondre des lois qui n’ont rien à envier à celles d’interdiction de la grève à la naissance du capitalisme, il est profitable à un pouvoir qui se dit démocratique de dialoguer sur l’exercice du droit de grève», a-t-elle indiqué.
La Csa-Bénin dénonce l’amateurisme des députés BMP
Dans sa déclaration, la Csa-Bénin a fustigé l’exclusion des organisations syndicales dans le vote de cette loi mais aussi l’amateurisme des députés BMP qui, selon elle, ignorent les conditions dans lesquelles la loi 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin a été votée. A l’en croire, cette loi avait fait l’objet de discussions entre l’exécutif et les centrales et confédérations syndicales avant d’être soumis au parlement pour être adopté. «Qui le BMP et le gouvernement ont-ils consulté pour sortir un soi-disant texte pour recadrer le droit de grève ? », s’interroge-t-elle avant de rappeler que la proposition de modification de cette même loi faite par le député Débourou Djibril sous le régime précédent a été soumise par le Gouvernement d’alors au Conseil national du travail, même si cela n’a pas prospéré. Ainsi, elle ne sent pas liée par cette nouvelle donne intervenue mardi dernier et exige, par ailleurs, une modification de la loi 2001-09 du 21 juin 2002 sur la base d’un dialogue franc et bénéfique entre les pouvoirs publics et les organisations des travailleurs. Face à cette situation, la Csa-Bénin appelle les travailleurs à la mobilisation pour la restauration du droit syndical.
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