Bénin: après la levée du siège, quid des mesures judiciaires coercitives?

Telle une traînée de poudre, l’information relative à la levée du siège au domicile de Boni Yayi est confirmée tôt ce samedi 22 juin. Une satisfaction pour certains et une humiliation pour d’autres. Mais au-delà du dégagement du détachement militaire de Cadjèhoun, il est important de s’interroger au sujet des mesures coercitives qu’envisage le parquet contre l’ancien chef de l’Etat.

Le mardi 18 juin, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou, Mario Métonou, dans une déclaration de presse, a annoncé la prise des mesures coercitives à l’encontre de l’ancien chef d’Etat Boni Yayi. Les avocats du mis en cause n’ont pas tardé avant de répliquer dans la soirée de la même journée. Les mesures prises par la justice sont, à en croire le procureur, la suite logique de l’incapacité du juge à auditionner Boni Yayi dans le cadre des enquêtes sur les violences post-électorales.

C’était au lendemain des heurts qui ont fait beaucoup de dégâts dans la partie septentrionale du pays avec à la clé plusieurs blessés graves dans le rang des forces de défense et de sécurité. Le mercredi, le chef de l’Etat, Patrice Talon, après le conseil des ministres, s’est rendu incognito au Nigéria pour, selon nos sources, discuter de la situation avec son aîné Muhamadou Buhari. Celui-ci lui aurait demandé de libérer le domicile de Boni Yayi dans les meilleurs délais.

Les sages et notables de Tchaourou, ville natale de Boni Yayi, ne sont pas allés par quatre chemins pour exiger la liberté pour leur fils. Patrice Talon, visiblement bien inspiré, a lâché: « Boni Yayi est mon ami. Je n’ai jamais eu l’idée de lui faire du mal. Je lui offre à nouveau mon amitié ». Vingt-quatre heures plus tard, il a tenu promesse en ordonnant la levée du siège.

Le parquet va-t-il continuer la procédure contre Boni Yayi?

Maintenant que l’état de siège alentours du domicile de Boni Yayi est levé, qu’elle doit être l’attitude du procureur? En réalité, si le chef de l’Etat tient à accomplir la mission qu’il a entamée, des instructions seront données au juge via le circuit normal pour que les poursuites contre Boni Yayi et par ricochet tous les détenus qui sont inculpés dans le cadre des élections législatives soient annulées. Certes, en démocratie, les pouvoirs sont séparés les uns des autres mais travaillent en complicité pour faire de bonnes œuvres. Patrice Talon, désormais engagé à enterrer le démon qui divisait le pays, puisera de ses nombreuses expériences pour mettre définitivement fin à la crise.