Afrique: accord de libre-échange continental, le Bénin et l’Érythrée toujours réticents

Le Bénin et l’Érythrée restent les deux pays africains qui hésitent encore à ratifier l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine. Le Nigéria qui était dans la même posture, a annoncé le 02 juillet son adhésion au texte.

Initiée en mars 2018 à Kigali au Rwanda lors du sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA), la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) n’a pas reçu l’approbation de toutes les nations africaines. A l’origine, plus d’une vingtaine de pays sont réticents au texte proposé à Kigali. Le 30 mai 2019, date d’entrée en vigueur de l’accord, seulement trois pays n’ont toujours pas accordé le violon sur les dispositions du texte. Il s’agit du Bénin, de l’Érythrée et du Nigéria.

Si la réticence du Bénin et de l’Érythrée à adhérer à l’accord semble être négligeable, celle du Nigéria a suscité beaucoup d’inquiétude aussi bien dans le rang des chefs d’Etat africains que celui de certains économistes du continent. Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 200 millions d’habitant, le Nigéria, selon les dernières prévisions économiques de la Banque africaine de développement, représente près de 20% du PIB du continent et environ 75% de l’économie ouest-africaine. Son absence dans la ZLECA était donc problématique.

Le pays avait exprimé sa réticence en raison de la concurrence déloyale que cela pourrait engendrer et des répercussions néfastes de cette dernière sur les efforts de redynamisation des secteurs agricole et industriel du pays. Mais après une évaluation, par un panel d’experts, des avantages et des inconvénients de l’adhésion du pays à la ZLECA, la présidence nigériane a annoncé le 02 juillet que le pays va signer l’accord le 07 juin 2019 lors du sommet de l’UA à Niamey au Niger.

Le Bénin très exigent sur les obligations des Etats parties

Le 21 mars 2018, le Gouvernement béninois a examiné les résultats des travaux devant aboutir à la signature de l’accord de la ZLECA. Tout en exprimant sa satisfaction, le Gouvernement a estimé nécessaire des études préalables approfondies. Pour les autorités béninoises, une feuille de route réaliste, tenant compte des spécificités de chacune des régions économiques, permettrait de mieux éclairer et d’orienter les décideurs pour l’atteinte des objectifs socio-économiques et politiques pertinents.

A cet effet, le pays a différé sa signature de l’accord et propose la mise sur pied d’un comité d’experts pour approfondir les études de diagnostic et de faisabilité et définir une feuille de route adéquate avec les obligations précises des Etats parties. Le Gouvernement béninois a également annoncé des concertations nationales nécessaires, notamment avec le Parlement ainsi que les acteurs sociaux et économiques à ce sujet.

La ZLECA, une étape importante pour la mise en place du marché commun africain

Pour plusieurs économistes africains, la ZLECA est une étape importante vers la mise en place du marché commun africain, car selon eux, elle contribue de manière significative à l’accélération de la transformation structurelle de l’Afrique en offrant des opportunités indéniables pour le commerce intra-africain en termes d’élargissement du marché (1,2 milliards de consommateurs), de perspectives d’industrialisation, d’émergence de chaîne de valeur, et de création d’emploi et de richesse.

Selon la commission de l’UA, la ZLECA a pour objectif de renforcer la compétitivité à tous les niveaux, et plus particulièrement à l’échelle de l’industrie et des entreprises, par l’exploitation des possibilités d’économie d’échelle ; de surmonter la dépendance à l’égard des exportations des produits primaires ; et promouvoir la transformation sociale et économique pour une croissance inclusive. Elle vise également une industrialisation et un développement durable, conformément à l’Agenda 2063 de l’UA.