Bénin – Révision constitutionnelle: Patrice Talon prêt pour un 3ème assaut?
Le dialogue politique initié par le président Patrice Talon est assorti de plusieurs recommandations. Selon certains soutiens du Chef de l’Etat, il y a des recommandations dont la mise en oeuvre nécessite une révision constitutionnelle. Même si une autre option semble s’offrir à lui, Patrice Talon pourrait saisir l’occasion et rebondir sur son ambition de réviser la constitution après deux échecs.
Avant sa prise de pouvoir, l’homme d’affaires devenu président de la République avait clairement affiché son ambition de procéder à des réformes administratives, institutionnelles et constitutionnelles. Si en trois ans, Patrice Talon a réussi tant bien que mal a opéré certaines réformes administratives, il n’en est pas de même pour celles qui lui tiennent à cœur . Il s’agit des réformes constitutionnelles qui devraient être marquées par la révision de la constitution. Mais à deux reprises, le compétiteur né s’est confronté à un échec.
Si cela ne tenait qu’à Patrice Talon et à ses soutiens, la constitution béninoise de 1990 aurait déjà connu quelques changements. Mais face à la majorité parlementaire, il y avait une minorité « bloquante » qui n’avait pas adhéré à tous les points du projet de révision. Elle avait surtout déploré le fait que ses suggestions étaient systématiquement rejetées. Pour alors montrer qu’aussi petite qu’elle paraisse en nombre, son avis devrait compter, elle avait décidé de voter contre le projet une première fois le 04 Avril 2017 et une deuxième fois le 05 juillet 2018.
Une troisième tentative en préparation?
Après le deuxième échec, Patrice Talon avait la possibilité d’aller à un référendum pour avoir la caution du peuple afin de réviser la révision. Mais dans un message adressé à la nation, il s’est opposé à cette option. En Mars 2019, la question de la révision est revenue sur le tapis. Elle a été suscitée par la majorité parlementaire qui avait estimé que c’est la solution pour l’organisation des élections législatives inclusives prenant en compte l’opposition, préalablement exclue. Malheureusement l’idée n’a pas prospéré.
Aujourd’hui, pour résoudre la crise occasionnée par l’exclusion de l’opposition et d’autres partis, la mouvance présidentielle estime à nouveau que la révision de la constitution est nécessaire. Selon l’opposition désormais absente au Parlement, il s’agit d’une idée du président Patrice Talon qui a pris le dialogue politique comme prétexte. Elle soupçonne ainsi le Chef de l’Etat de préparer une troisième tentative de révision constitutionnelle.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne?
Compétiteur né, grand stratège, Patrice Talon s’est confronté à des obstacles qui ont occasionné son échec à deux reprises dans son projet de révision constitutionnelle. Trop sûr de lui-même et conforté par son entourage, Patrice Talon pensait qu’il avait toutes les cartes en mains. Le résultat on le connait.
Mais depuis ces deux échecs que la mouvance présidentielle a difficilement digéré, les choses ont évolué, les contextes ne sont plus aujourd’hui les mêmes. Si en 2017 et 2018 il y avait une minorité « bloquante » parfois trop « capricieuse », aujourd’hui le Parlement est composé uniquement des partisans totalement acquis à la cause du président Patrice Talon. C’est l’un des grands avantages que détient Patrice Talon pour enfin faire passer son projet de révision constitutionnelle.
Deuxième chose, le Chef de l’Etat peut brandir l’argument selon lequel la reprise des élections législatives demandée par l’opposition et une partie des populations dépend de la révision constitutionnelle. Même si Daniel Edah étant dans l’anticipation a proposé une autre option qui est la démission en bloc des députés et leurs suppléants; il revient au président et surtout au Parlement de décider de l’option qui les arrange. Dans tous les cas, le chemin semble bien tracer pour que Patrice Talon arrive enfin à ses fins s’il le souhaite.
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