Démission de Boni Yayi des FCBE : une pilule toujours difficile à avaler?
La démission de l’ancien chef d’Etat béninois, Boni Yayi, de la présidence d’honneur de son parti, Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE), est toujours au cœur de l’actualité politique au Bénin. Telle une pilule amère, cette décision hautement politique, à quelques semaines seulement des élections communales du 17 mai 2020, semble être toujours indigeste pour les nouveaux responsables du parti.
« A l’impossible, nul n’est tenu », c’est sous cet adage de droit que l’on pourrait classer l’acte posé, il y a quelques jours, par l’ancien Président Boni Yayi. Déçu, sans nul doute, par le comportement de ses anciens proches et collaborateurs dans la crise qui secouait sa formation politique, le désormais ex-leader charismatique des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) a, sans pour autant se retirer de la scène politique, décidé de lever l’ancre après l’échec des tentatives de réconciliation des deux ailes qui s’opposaient.
Si certains membres de l’équipe contestée conduite par l’ancien Ministre, Paul Hounkpè, se voilent toujours la face, d’autres par contre reconnaissent que la démission de Boni Yayi est une grosse perte pour le parti, surtout en cette veille des communales du 17 mai prochain.
Le retour toujours espéré de Boni Yayi
Il est indéniable que la personne de l’ancien Président Boni Yayi est collée au parti FCBE. En dépit de sa déclaration surprise de se retirer de la vie du parti, l’appel au retour de Boni Yayi à la maison Cauris se poursuit. Non seulement, certains membres de l’équipe contestée feignent de ne pas croire en cette démission, mais ils espèrent toujours le retour de celui qu’ils considèrent toujours comme leur leader charismatique.
« Il est jusqu’aujourd’hui le Président d’honneur du parti FCBE. Depuis près de deux mois, il n’est pas au pays. Et du moment qu’il n’est pas au pays, il ne peut pas de loin nous dire qu’il ne fait plus partie de cette lutte-là. C’est impossible. Je n’ai pas vu un écrit portant la signature du PH disant qu’il renonce à FCBE. Qu’il revienne et face to face, on pourrait se parler. Il n’a pas démissionné. Il reviendra…« , a déclaré, week-end dernier, l’ancienne Ministre de l’eau, Christine Gbédji, sur une télévision privée.
Cet espoir, toujours nourri par les nouveaux patrons de la maison Cauris, sonne à plus d’un titre comme un aveu d’incapacité à faire face aux nouveaux défis qui s’imposent, notamment les élections Communales et municipales du 17 mai 2020. Mieux, cela donne plus raison à ceux qui pensent que le parti FCBE ne peut se passer de Boni Yayi, comme le PRD de Me Adrien Houngbédji, même si les textes qui régissent désormais le fonctionnement des partis au Bénin entendent mettre un terme à la personnalisation des formations politiques; d’où la création de grands ensembles politiques pour assainir le paysage politique béninois.
Campagne électorale sans Yayi
Les électeurs votent, pour la plupart du temps, pour les individus en lieu et place des projets de société. Une réalité incontestable érigée en règle d’or sous nos cieux. Dans sa déclaration de démission, intervenue dimanche 05 avril dernier, Boni Yayi, personnalité clivante, drainant la foule, mettait formellement en garde contre l’utilisation de son image, de son nom et de sa caution sous quelques formes que ce soit par tout candidat de la liste FCBE. Il entend engager des actions pénales idoines contre les contrevenants, au besoin, afin de faire respecter son choix. Il n’est plus besoin de rappeler que ces dernières années, les Béninois, au-delà du projet de société des candidats de la liste Cauris, ont plus voté pour la personne de Boni Yayi.
Qu’adviendra-t-il lors des prochaines Communales avec la démission du désormais ex-président d’honneur, de plusieurs membres du Bureau exécutif national, des structures décentralisées, sans oublier les candidats qui lui sont restés fidèles ? Qui sera la personnalité charismatique en remplacement de Boni Yayi capable de rassembler des électeurs issus de toutes les franges de la population autour des idées du parti? Quel sera le thème de campagne du reste des Cauris? Voilà autant de préoccupations que suscite la situation au niveau des Cauris.
De toute façon, le Secrétaire exécutif national, Paul Hounkpè, et ses pairs ont promis relever le défi. Pour l’heure, le départ surpris et contre toute attente de Boni Yayi est un coup de massue sur la tête des antagonistes qui n’ont pas vu venir cet épisode. Les nouveaux dirigeants devront donc batailler âprement et multiplier les stratagèmes, car, selon des observateurs de la vie politique béninoise, l’ex-chef d’Etat représente tout seul près de 75% du parti.
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