Le Bénin, tout comme les autres pays du monde, est confronté à la crise sanitaire liée au coronavirus. Dans cet entretien exclusif, Diane Zanvo, attachée de recherche en épidémiologie nous décline le caractère migratoire du virus. C, elle lance un appel aux dirigeants africains pour une action concertée contre le mal. Entretien.
Quelle explication scientifique donnez-vous de ce coronavirus ?
Le coronavirus n’est pas nouveau. Il avait déjà été responsable d’autres infections comme le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) apparu en Chine en 2002. Il appartient à la grande famille des coronaviridae. Ce sont des infections qu’on retrouvait chez des animaux mais à cause de certains facteurs environnementaux, se retrouvent malheureusement chez l’homme. C’est vrai, il y a des supputations à son sujet. D’où vient le virus? Est-ce une transmission naturelle? Une guerre biologique? Nous n’avons pas, pour l’instant, d’arguments scientifiques pour répondre à ces questions. Les recherches continuent et on espère trouver une réponse scientifique.
Comme signalé au départ, il n’est pas un virus nouveau, mais la particularité réside dans la forme qui sévit actuellement (Covid-19) qui n’est rien d’autre qu’une forme mutée du coronavirus. Ce qui explique le fait que sa physiopathologie n’est pas encore bien élucidée.
Actuellement, il se manifeste par des signes cliniques basiques que sont: la toux, le rhume, les céphalées, le mal de gorge, la fièvre, les courbatures, l’asthénie et la perte d’appétit. A un stade avancé de la maladie, ces signes peuvent être accompagnés des difficultés respiratoires, des troubles digestifs (diarrhée et vomissement), des démangeaisons cutanés et parfois même des perturbations neurologiques à type de convulsions.
Quel est votre avis sur les différends traitements, surtout à l’africaine, de ce virus?
Pour ce qui est du traitement, nous ne pouvons que nous baser que sur ce qui a été testé. C’est le cas de la chloroquine qui a été testée par le professeur Raoult Didier. Les autres molécules doivent également être testées parce que nous ne pouvons pas tenir compte des intuitions des uns et des autres pour affirmer la solution d’une problématique de santé publique.
Il est vrai que la science est universelle et l’Afrique demeure une sublimissime bibliothèque de savoir. L’artemisia, l’apivirine et consorts sont des molécules anti parasitaires qui peuvent avoir des effets curatifs ou préventifs sur le covid-19. Cependant, seuls les essais cliniques pourront aider à tirer l’aiguille du vrai coté pour prendre des décisions fiables et durables.
Pourrait-on s’attendre à un vaccin de sitôt pour lutter contre ce virus ?
Nous ne connaissons pas encore d’infection virale ayant eu très tôt de vaccin. L’épidémie vient de commencer et il s’agit d’un virus que la science ne maîtrise pas encore très bien. Il faut donc suffisamment de temps pour élaborer un vaccin. En plus, il s’agit d’un virus à ARN dont la probabilité de mutation est très élevée. Ce qui peut facilement compromettre l’efficacité du vaccin.
D’où l’intérêt pour les chercheurs de prendre le temps de bien connaître le virus avant l’élaboration de quelque vaccin. Dans ce sens, nous prions les dirigeants africains à réunir nos chercheurs autours d’une même table afin que notre continent ne soit pas seulement consommateur averti d’un tel vaccin mais plutôt un acteur avéré.
D’aucuns craignent la résurgence de l’épidémie après quelques années encore. Devrait-on s’y attendre vraiment?
Ils n’ont pas tort de craindre une probable résurgence de l’épidémie. C’est d’ailleurs pour ça que nous devons prendre des mesures préventives en stérilisant tous les foyers possibles. Nous devons également profiter de la crise actuelle pour mieux connaître la maladie afin de disposer de moyens de lutte efficace en cas d’éventuelle résurgence. Par ailleurs, la population doit maintenir la veille citoyenne tout en continuant avec les mesures de préventions adoptées actuellement.
Pourquoi le virus décime plus sur les autres continents qu’en Afrique ?
Il est vrai que le virus sévit moins en Afrique. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cet état de chose. Peut-être que notre climat n’est pas favorable à la transmission du virus ou le rend moins virulent. L’évidence est que la chaleur a un effet sur un certain nombre de pathogène. Il faut également noter qu’en Afrique, l’atmosphère n’est pas aussi confinée comme ailleurs dans le monde.
En effet, c’est dans le confinement que la concentration du virus est élevée. Par ailleurs, l’organisme de l’Africain a déjà rencontré plein de virus ; ce qui fait que nous avons certainement développé une certaine immunité contre les virus. Pour finir, je rappelle que la population occidentale est très vieillissante, ce qui peut rendre leur système immunitaire plus faible. On peut également investiguer les questions de susceptibilité génétique.
Le Bénin devrait-il craindre le pic de l’épidémie les jours à venir?
Comme toute épidémie, on peut toujours craindre un pic. Cependant, les mesures mises en place par le gouvernement nous permettent d’espérer que nous ne vivrons pas une situation calamiteuse. Pour cela, je tiens à remercier le gouvernement du Président Patrice Talon pour les efforts louables dans le sens de la riposte contre ce virus.
La preuve, le Bénin est en train d’être cité comme une référence dans la gestion de l’épidémie malgré les critiques qui fusent de partout. Nous continuons de maintenir le cap. Cependant, il faut que la population marche dans la droite ligne des règles d’hygiène recommandées afin qu’ensemble, nous puissions dire nos adieux à ce virus.
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