Bénin – Appel au boycott du scrutin communal : le mauvais casting des acteurs politiques
L’appel au boycott du scrutin de proximité, projeté pour le 17 mai, fuse de partout. Une plaisanterie de mauvaise facture ou du moins une dégoûtante inspiration qui s’apparente à un refus des instigateurs de tirer leçons des situations précédentes.
Après moult tergiversions, le peuple béninois ira aux urnes le dimanche 17 mai prochain, pour le renouvellement des conseils communaux et municipaux, conformément au calendrier électoral. Pendant que la campagne électorale bat son plein, l’appel au boycott du scrutin devient persistant. Dans le lot, figurent des organisations syndicales, des acteurs et observateurs de la vie politique. Plusieurs canaux sont pris d’assaut pour passer le message. Dans un communiqué, signé lundi 11 mai, la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) demande aux travailleurs de rester chez eux le 17 mai prochain et de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Simplement parce que l’organisation estime que tout est programmé avant lesdites élections. ‘’Tout le monde sait et dit que ces élections sont encore exclusives comme les législatives de 2019. C’est sans intérêt pour les travailleurs. Ils n’ont aucune possibilité de présenter ou de choisir des conseillers ou des maires qui vont gérer à leur profit dans les localités où ils vivent avec les autres couches du peuple’’. En plus de cet appel de la CSTB, des visuels hostiles aux tenants du pouvoir, invitant le peuple à ne pas voter, foisonnent sur les réseaux. Des messages, tels que ‘’N’allez pas voter’’. ‘’Je suis résistant, non je ne vote pas’’, ont aussi droit de cité. Et contre toute attente, l’ex-ministre de la culture s’est invité dans le débat. Ganiou Soglo estime que « tenir les élections dans ces conditions ne garantit pas la survie des populations, au lendemain du scrutin ». Pour lui, participer à cette élection serait avaliser tout ce qui a été fait en amont. « Nous devons avoir en mémoire les vaillants compatriotes qui sont tombés sur les champs d’honneur pour que nous ayons la conférence nationale des forces vives, et aussi nos morts des 1er et 2 mai 2019, qui n’ont pas encore eu de sépulture pour le repos de leurs âmes », a-t-il renchéri, comme pour marquer son opposition à la tenue des joutes électorales prochaines.
Dans une langue du Septentrion, la diaspora béninoise patriote et démocrate et la résistance nationale invitent le peuple à ne pas, disent-elles, cautionner le faux en participant au scrutin communal. ‘’ Le 17 mai 2020, au Bénin, il ne sera pas question d’une élection mais plutôt d’une nomination des conseillers communaux, municipaux et maires, qui sont déjà connus’’, indiquent-ils. A tout ceci, viennent se greffer des messages audio, en diverses langues nationales, distillés sur les réseaux sociaux et plateformes digitales, visant à phagocyter cette volonté du gouvernement de faire tenir le scrutin sans anicroches.
Une gaffe de l’opposition
Répondant à l’appel au boycott, le chroniqueur Constantin Amoussou estime à tort ou à raison que l’opposition a épuisé son forfait. Elle multiplie, pense-t-il, les faux pas et donne désormais à penser qu’elle est devenue une organisation étrange, sans souffle, sans intelligence, sans objectif et sans vision, déconnectée des réalités d’un paysage politique en constant mouvement et, au surplus, dépourvue d’ambition pour l’avenir. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de toutes les conditions prises par les tenants du pouvoir pour une participation massive au scrutin, une frange d’acteurs politiques continue de se cacher derrière un bouc émissaire. Le faible taux de participation aux élections du 28 avril 2019 n’a jamais empêché la Cour constitutionnelle de valider le scrutin législatif. Alors l’appel au boycott semble être le fruit d’une mauvaise inspiration et révèle, à satiété, que l’opposition béninoise est étouffée.
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