Bénin- port de Cotonou: que retenir des 22 mois de gestion de Huguette Amoussou?

Le 04 avril dernier, l’ex directrice générale par intérim du port autonome de Cotonou passait le témoin à monsieur Christiaan de Block, nouveau directeur général de l’instance portuaire selon le contrat de délégation signé entre le port d’Anvers et le gouvernement béninois. Ce fut donc l’occasion pour la Dg sortante, Amélie Huguette Amoussou Kpéto de dresser le bilan des 22 mois 12 jours de gestion du port, poumon de l’économie béninoise et ainsi, de présenter l’état des lieux au moment où la gestion déléguée du port entre dans sa phase active.

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Selon un en extrait du discours lu par Huguette Amoussou lors de la passation de charges, cet état des lieux se présente à travers les neuf  axes ci-après :

  • Au Plan des Ressources Humaines

A la date d’aujourd’hui, le Port Autonome de Cotonou dispose d’un effectif, toutes catégories confondues de 520 agents permanents, de 09 contractuels dont un médecin de travail et de personnel intérimaire principalement pour la reprise de la gestion des entrées et sorties des camions gros-porteurs au Port de Cotonou depuis le 09 septembre 2016.

Il urge, pour une meilleure gestion des ressources humaines que le processus de mise en place de la  GPEC ainsi que celui de l’implémentation du système de management de la santé et de la sécurité au travail suivant les standards de la norme OHSAS 18001 soient poursuivis.

  • Au Plan Commercial et du Marketing

Contrairement à la baisse des escales commerciales courant 2016 due entre autres, au gigantisme des navires, nous avons noté un accroissement du trafic marchandises qui est passé de 8.701.403 tonnes en 2016 à 9.439.933 tonnes en 2017.

La situation devrait être plus reluisante cette année avec la mise en vigueur depuis le 1er Janvier 2018 d’un nouveau barème des redevances du Port Autonome de Cotonou qui prévoit un accroissement de 10 % sur les redevances marchandises et de 32  % sur les redevances escales navires dont 25 %  au titre de la sûreté et 7 % hors ISPS.

Les perspectives en cette matière portent sur le renforcement des actions commerciales en direction des pays de l’hinterland, des armements et autres partenaires pour un accroissement du trafic au port de Cotonou.

  • Au Plan Financier

La tendance observée au plan commercial et  le renforcement du contrôle à tous les niveaux couplés avec les mesures de bonne gouvernance ont eu pour conséquences l’accroissement du chiffre d’affaires qui est passé de 26.003.713.633 F CFA au 31 décembre 2016 à 33.718.977.353 de F CFA au 31 décembre 2017.

La trésorerie du PAC au 24 mai 2016, jour de ma prise de fonction était de 4.293.682.190. F CFA. Elle est passée  à 12.443.776.847 de F CFA  à ce jour,  04 avril  2018.

Le montant des engagements s’élevait à 3.852.996.850 F CFA au 24 mai 2016 contre 1.061.911.264 F CFA au 04 avril 2018.

La trésorerie nette au 24 mai 2016 était de 440.685.340 F CFA contre 11.381.865.583 F CFA au 04 avril 2018.

La contribution au budget national est passée de 8.053.666.566 F CFA au 31 décembre 2016 à 8.409.320.245 F CFA au 31 décembre 2017 soit une augmentation d’environ 350.000.000 de F CFA.  Quant au résultat net, il est passé de 1.361.386.008 F CFA à fin 2016 à un montant provisoire de 6.299.460.242 F CFA et un résultat d’exploitation d’un montant de 847.118.543 F CFA en 2016 contre 7.230.125.324 F CFA en 2017.

Les échéanciers du pool bancaire BOAD-BOA-ECOBANK sont régulièrement  respectés avec un total payé en 2016 et 2017 de 7.466.962.924 F CFA.

Sous cette rubrique, il convient de rappeler que l’amélioration des procédures de recouvrement des créances a permis de passer d’un taux de recouvrement des encours de 65 % à  99 %. Par ailleurs, une opération spéciale de recouvrement des créances antérieures à 2016 est en cours.

Les perspectives au plan financier portent sur la réalisation des comptes pro forma 2017 avec le nouveau référentiel Syscohada  révisé et le démarrage de la mise en production de l’ERP prévue pour le 09 avril  2018.

  • Au plan juridique

Au mois de Juillet 2017, un nouveau Règlement d’Exploitation a été adopté pour actualiser la réglementation des activités sur la plateforme portuaire en remplacement du précédent qui remontait à 1967 soit après un demi-siècle.

Parlant de ce nouveau règlement d’exploitation, je  m’en voudrais de ne pas dire quelques mots à l’endroit de l’ancien Ministre des infrastructures et des Transports, M.  Hervé HEHOMEY que j’ai rencontré pour la première fois dans le cadre d’un des entretiens qui ont précédé ma nomination. A cette occasion, la toute première question qu’il me posa était de savoir pourquoi un texte de cette importance en matière de gestion portuaire remonte à tant d’années sans qu’on ait procédé à son actualisation ? Je lui avais répondu, sans avoir la certitude d’être nommée que j’avais l’assurance que ce défi serait relevé sous son leadership. Cette prophétie a été réalisée.

Mesdames et Messieurs,

L’un des objectifs, à notre prise de fonction est de prévenir les contentieux de l’Entreprise et d’en assurer une meilleure gestion. Au cours de ce parcours, les tribunaux et cours ont  vidé cinq (05) affaires dont la totalité des décisions rendues sont favorables au Port Autonome de Cotonou.  Celles qui  subsistent font l’objet d’un suivi avec pour perspective leur réduction substantielle.

  • Au plan de l’exploitation portuaire

L’actualisation du répertoire du domaine portuaire a été effective et un comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations formulées pour une meilleure sécurisation des espaces portuaires a été mise en place. Les contrats de concession ainsi que les Titres fonciers sont désormais numérisés.

Dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions du règlement N° 14/2005 de l’UEMOA et grâce à l’appui du projet de facilitation de la Banque Mondiale, quatre nouveaux pèses essieux dont deux mobiles et deux fixes sont installés et opérationnels.

Par ailleurs, la gestion des entrées et sorties des camions a été améliorée avec l’informatisation.

En termes de perspectives, il subsiste la nécessité d’effectuer la cartographie du domaine portuaire et d’acquérir un logiciel moderne de sa gestion.

  • Au plan des infrastructures et DES operations portuaires

Quelques équipements ont été acquis ainsi que des travaux engagés pour la facilitation de la navigation dans nos eaux et pour l’assistance aux navires. Il s’agit de :

  • un échosondeur multifaisceaux avec embarcation légère ;
  • une pilotine.
  • l’éclairage de la traverse et de la digue ouest

De plus, l’amélioration du système de maintenance des équipements a été poursuivie. A tout ceci s’ajoute la formation des pilotes pour la manœuvrabilité des navires de type PANAMAX. Ce qui a permis de relever le défi des manœuvres de nuit au port de Cotonou où les navires sont accostés 24h sur 24 et 7 jours sur 7.

Par ailleurs, il est prévu l’acquisition d’un remorqueur au titre du budget de l’année 2018.

Il convient de mentionner que le plan directeur du port de Cotonou a été actualisé à l’horizon 2040 et qu’un projet  de modernisation et d’extension du port  a été formulé puis inscrit au titre des  projets phares du PAG.

Notons la signature de la convention de Maîtrise d’Ouvrage Délégué (MOD) entre le Port Autonome de Cotonou et la Communauté Electrique du Bénin (CEB) pour le projet de renforcement de l’alimentation en énergie électrique en un point unique.

S’agissant des perspectives, il s’avère nécessaire de veiller à la construction diligente du parking pour les camions citernes ainsi qu’au renforcement des ouvrages d’assainissement de la zone des hydrocarbures. Il importe également de mobiliser les ressources financières en vue de la réalisation des travaux de modernisation du quai nord, de veiller à la construction du parc à matières dangereuses qui devra servir de zone de quarantaine pour les marchandises avariées ou en souffrance et d’améliorer la politique de maintenance des engins flottants.

  • Au plan de la securite et de la surete portuaire

A ce niveau, il y a eu le renforcement de la sûreté dans l’enceinte portuaire, la fluidité du trafic et la réorientation de l’application du code ISPS avec un accent sur  l’interface navire-port.

Il est important de poursuivre la mise en œuvre des recommandations des gardes côtes américains pour maintenir le port de Cotonou conforme aux dispositions du code ISPS.

  • Au plan informatique

Des efforts significatifs sont enregistrés et se poursuivent afin de mieux satisfaire les usagers du Port Autonome de Cotonou et de mieux sécuriser ses recettes.

Entre autres, nous pouvons citer comme défis relevés :

  • la mise en place du Plan de Gouvernance des Systèmes d’Informations (PGSI) ;
  • la facturation automatique dans le PGOP ;
  • le démarrage de la mise en place des barrières levantes automatisées ;
  • la mise en marche de l’ERP ;
  • la digitalisation de la salle de mouvements de navires ;
  • l’informatisation de la caisse.

En termes de perspectives, il  importe de finaliser la description des processus métiers et l’élaboration de la cartographie des risques.

  • Au plan environnemental

Il existe un dispositif de suivi environnemental dans tous les domaines de l’Entreprise. Ce qui a été couronné par deux (02) Certifications ISO 14001 Version 2015 et ISO 9001 Version 2015 reçues en 2017.

Un audit de suivi de la certification ISO 14001 effectué les 26 et 27 mars dernier a recommandé le maintien de ce certificat encore pour une année avec la perspective d’aboutir à un système intégré.

Le renforcement du suivi du contrôle de risques radiologiques des cargaisons de ferrailles en exportation, la mise en place de dispositions pour la satisfaction des besoins en enlèvement d’eau usées des navires, le renforcement de l’inspection environnementale des navires, le développement de l’économie circulaire et l’intégration des objectifs de développement durable dans les opérations portuaires s’avèrent indispensables.

Toutes ces actions énumérées plus haut n’ont pas été réalisées sans contraintes mais, mon équipe et moi essayons d’apporter des solutions pour surmonter au fur et à mesure les difficultés et assurer la pérennité des acquis, étant donné que nous  nous sommes inscrits dans un processus d’amélioration continue et avons effectué le  « PACTE AVEC LA CROISSANCE »

1 commentaire

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The Atlantean

Vu le bilan étalé par Huguette Amoussou, un bilan que je trouve non déficitaire, mais progressiste alors je pose la question suivante:
Que reproche-t-on à Madame Huguette Amoussou?
Le fait qu’elle est femme, et qu’elle a réussi où les hommes avaient lamentablement échoué?
Ou elle a mis le frein au pillage que certains ne voient pas de bien oeil?
Une grave erreur politique Madame Huguette Amoussou, devrait rester au port de Cotonou au lieu de l’envoyer au Ministère des transports.